
Le sentiment, un an après, se dégage en observant aujourd’hui le silence autour de ce dossier.
A s’y méprendre, la gestion du naufrage du bateau Esther Miracle ressemble à celle du crash d’un aéronef de Gabon Express. L’appareil de cette compagnie aérienne s’était abîmé en mer à une centaine de mètres de la côte, le 8 juin 2004. Sur les 30 personnes qui se rendaient à Franceville, 16 avaient perdu la vie, 3 disparues et 11 avaient pu être sauvées.
Le lien comparatif entre ces deux accidents réside dans l’agitation qu’il y a eu autour au début. D’abord avec des décideurs politiques qui se précipitent sur les lieux, donnant l’impression de compatir avec les proches des défunts et les rechapés.
En 2004, le président Omar Bongo Ondimba avait effectué une descente à la Sablière où l’avion de Gabon Express s’était abîmé. A son tour, Ali Bongo Ondimba a multiplié les tours au Port-Môle. « Nous nous sommes rendus ce mercredi 15 mars au Port-Môle pour soutenir les familles éplorées (…) puis en la Cathédrale Sainte-Marie de Libreville pour assister à une messe à la mémoire des victimes », avait-il ensuite indiqué sur sa page Facebook.
De l’autre côté, l’appareil judiciaire qui se met en branle en vue des sanctions pénales à l’encontre des compagnies, de leurs dirigeants et de certains responsables administratifs. Sauf que, au fil des mois, pour ne pas dire des années, la suite se fait désirer. La pression populaire descendue, la vie reprend son cours normal. On range tout dans les tiroirs. Ce qui, pour le cas d’Esther Miracle, laisse penser que cette affaire a été trop politisée.
L’on a en effet vu les gouvernants s’empresser de prendre des mesures contre les dirigeants de la Marine marchande et de la compagnie Royal Cost Marine, comme si leurs responsabilités étaient établies. Non sans dénoncer, l’air surpris, « de graves dysfonctionnements administratifs et techniques ayant conduit au naufrage ».
Et c’est bien malgré lui que le ministre des Transports de l’époque, Brice Constant Paillat, a dû sauter du bateau. Par solidarité, il aurait été souhaitable que tout le gouvernement démissionne, comme on l’avait vu au Sénégal après le naufrage du Joola survenu dans la nuit du 26 au 27 septembre 2002. Mais « les plus faibles ont été sacrifiés ».
Parlant toujours de similitude, l’on note l’incapacité des autorités à rendre les conclusions des enquêtes diligentées pour faire la lumière sur les circonstances de ces deux drames, mais surtout pour établir les responsabilités et, à terme, assurer un dédommagement juste des rescapés et des familles des victimes.