La consommation de stupéfiants chez les jeunes est un fléau grandissant au Gabon. Pour y faire face, l’Agence nationale du médicament et des autres produits de santé (ANMAPS) a récemment mené une campagne de sensibilisation dans plusieurs établissements scolaires. Cette initiative a touché plus de 1 000 élèves des lycées et collèges publics, un effort louable qui témoigne de l’engagement de l’agence à protéger la jeunesse. Cependant, une question essentielle demeure : ces campagnes de sensibilisation suffisent-elles pour éradiquer ce phénomène ? Ou alors faut-il que les pouvoirs publics fassent plus d’efforts ?
Bien que ces actions aient le mérite d’éveiller les consciences, elles ne peuvent à elles seules contrôler un problème aussi complexe que celui de la consommation de drogues. Les causes sous-jacentes, comme la précarité sociale, le manque de surveillance parentale et l’accessibilité croissante des substances illicites, nécessitent une réponse beaucoup plus globale de l’Etat. Les autorités doivent impérativement prendre leurs responsabilités pour compléter ces campagnes par des mesures concrètes et durables.
En effet, l’État gabonais a un rôle clé à jouer dans cette lutte. Tout d’abord, il est essentiel de renforcer les dispositions légales sur la production, la distribution et la consommation de stupéfiants. Des contrôles plus stricts aux frontières, à l’exemple de ceux qui avaient permis de mettre la main sur les cargaisons au Port-môle de Libreville et à l’aéroport Léon Mba de Libreville, à la saisie de stupéfiants, aux intensifications d’enquêtes policières sur les réseaux de trafic et des sanctions pour les fournisseurs de drogues constituent des étapes nécessaires. Parallèlement, des politiques sociales doivent être mises en place pour offrir des alternatives aux jeunes vulnérables, comme des activités éducatives, sportives et culturelles.
Dans les établissements scolaires, des mesures spécifiques pourraient être adoptées pour limiter la consommation de drogues. Par exemple, la création de cellules d’écoute et de suivi psychologique pour les élèves pourrait permettre de détecter les comportements à risque. Les établissements devraient également collaborer avec les parents et les forces de l’ordre pour instaurer des politiques de tolérance zéro envers l’introduction de stupéfiants dans l’environnement scolaire.
Il est également crucial d’améliorer les infrastructures éducatives pour inciter les jeunes à s’investir davantage dans leurs études. Un système éducatif motivant, combiné à des perspectives claires pour l’avenir, réduirait l’attrait des drogues comme échappatoire. De même, la formation continue des enseignants pour mieux gérer ces problématiques est essentielle. Ces derniers pourraient devenir des relais influents pour sensibiliser les élèves au quotidien.
Les campagnes comme celles menées par l’ANMAPS sont indispensables, mais elles doivent s’inscrire dans une stratégie globale. La sensibilisation doit être accompagnée d’actions concrètes, telles que le soutien à la désintoxication, l’encadrement des jeunes à risque et la lutte contre les réseaux criminels. La prise de conscience ne peut se transformer en véritable changement que si l’État déploie les moyens nécessaires.
Il appartient maintenant aux autorités gabonaises de prendre davantage de mesures courageuses pour combattre ce fléau. La lutte contre les stupéfiants doit être une priorité nationale impliquant tous les acteurs de la société, des institutions publiques aux familles. Ce n’est qu’en agissant ensemble, et avec des moyens adaptés, que le Gabon pourra garantir à sa jeunesse un avenir libre de l’emprise des drogues.