La Grande Loge du Gabon : entre héritage et renouveau à l’ère post-Bongo

La Grande Loge du Gabon (GLG) a récemment tenu une Assemblée générale décisive, marquée par l’ombre persistante de l’héritage d’Ali Bongo et la volonté affichée d’un renouveau sous la direction de Jacques-Denis Tsanga. Cet évènement, le troisième depuis la destitution de l’ancien président gabonais, qui défraie la chronique depuis quelques jours, a mis en lumière les tensions internes et les défis qui accompagnent la Transition politique actuelle.

Malgré son absence physique, Ali Bongo Ondimba a continué d’imprégner les discussions. Désigné « Grand maître honoraire » dans les documents officiels de l’assemblée, son influence passée sur son autorité demeure un point de discorde. Alors que certains prônent une rupture nette avec cet héritage, d’autres souhaitent maintenir une certaine continuité. Cette opposition illustre la difficulté pour la GLG de se réinventer tout en s’émancipant de son passé étroitement lié à l’ancien régime.

Sous la direction de Jacques-Denis Tsanga, élu en octobre 2023, la GLG semble toutefois s’orienter vers une transition mesurée. Ancien ministre et proche des cercles du pouvoir actuel, Tsanga incarne une volonté de changement sans renier totalement les liens historiques entre la franc-maçonnerie et le pouvoir politique. Ce positionnement soulève néanmoins des interrogations sur l’indépendance de cette association.

Cette assemblée a également témoigné du rayonnement international de la GLG. Huit Grands maîtres africains et des délégations venues des pays comme la France, la Turquie et la Russie ont participé à cet évènement. La présence russe a particulièrement retenu l’attention, illustrant l’intérêt croissant de Moscou pour les réseaux d’influence en Afrique. Cette dimension géopolitique souligne l’importance du Gabon sur la scène maçonnique régionale, tout en accentuant la pression sur la GLG pour préserver son indépendance face à des intérêts extérieurs.

Les tensions internes n’ont cependant pas manqué de resurgir. Accusations de favoritisme et soupçons de détournement de fonds ont entaché l’image de l’obédience, fragilisant davantage sa cohésion. Ces dysfonctionnements interrogent sur la capacité de la GLG à garantir une gestion transparente et à restaurer sa crédibilité auprès de ses membres et de l’opinion publique.

Pourtant, des signes de renouveau émergent. Jacques-Denis Tsanga ambitionne de repositionner la GLG comme une institution forte, indépendante du pouvoir politique, tout en restant un acteur central de la société gabonaise. Entre les attentes de transparence, les divisions internes et l’héritage du passé, la GLG se trouve à un tournant historique. Son défi sera de définir un rôle clair dans un Gabon en mutation, tout en respectant les principes de justice et de fraternité qui devraient guider son action.

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