Grève au ministère des Travaux publics : une suspension entre revendications et désordre

Au lendemain de la réception d’un imposant lot de matériel technique destiné au ministère des Travaux publics (TP), trois syndicats de ce département avaient déclenché une grève de trois jours, perturbant ainsi les activités. Récemment suspendu, ce mouvement d’humeur, annoncé comme une action d’avertissement, avait surpris de nombreux observateurs, car il avait été initié après une avancée significative dans la dotation en équipements des divisions et subdivisions, l’un des points essentiels des revendications desdits syndicats.

La grève a cependant été entachée de nombreuses irrégularités. Selon la loi n°18/92, régissant les syndicats d’agents de l’État, un service minimum doit être assuré lors des grèves et l’accès au lieu de travail des non-grévistes ne peut être entravé. Or, le portail du ministère avait été barricadé, empêchant plusieurs agents, non affiliés aux syndicats grévistes, d’accéder à leurs postes de travail. Cette situation a provoqué une vive indignation parmi le personnel, certains qualifiant les grévistes de « hors-la-loi ».

Les motivations derrière ce mouvement suscitent également des interrogations. Outre la dotation en matériel, les syndicats grévistes réclament le rétablissement d’une prime de rendement supprimée en 2015, une revendication jugée non prioritaire par d’autres acteurs du ministère. Des suspicions de manipulation politique ou d’intérêts personnels ont également émergé, certains accusant les grévistes de vouloir torpiller les efforts de relance en favorisant des pratiques douteuses, telles que les surfacturations dans l’attribution de marchés.

Malgré la tension, le ministère des TP avait récemment engagé un dialogue social avec ses partenaires syndicaux, ce qui a rendu le déclenchement de la grève encore plus incompréhensible pour de nombreux employés. Certains appellent désormais les autorités à organiser des élections syndicales, afin d’assainir le fonctionnement des structures étatiques et d’éviter de telles dérives à l’avenir.

La grève a donc été suspendue après une rencontre entre les représentants du ministère des TP et ceux du Budget, avec une promesse d’évaluer la situation dans les jours à venir. Cet évènement met en lumière les défis persistants au sein de l’administration publique gabonaise et souligne la nécessité d’un dialogue social renforcé pour résoudre les différends de manière constructive.

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