La Rédaction 
Depuis l’Ogooué-Ivindo, Alain-Claude Bilie-By-Nze a récemment entamé un tour du Gabon qui ressemble fortement à une précampagne électorale. Sous le slogan « Tout se dire », l’ancien premier ministre d’Ali Bongo multiplie les rencontres avec les populations locales. Officiellement, il s’agit d’une simple tournée d’écoute, mais les discours aux accents politiques ne trompent personne.
Si le contexte national reste marqué par la transition militaire instaurée par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), Bilie-By-Nze semble vouloir incarner une figure de contestation. Il prône un retour rapide à l’ordre constitutionnel, sous-entendant que la période de Transition touche à sa fin. Cette posture critique résonne comme une stratégie visant à séduire les électeurs en quête de changement.
Pourtant, le paradoxe de cette offensive politique ne passe pas inaperçu. Longtemps associé au régime déchu, Bilie-By-Nze se présente désormais comme le défenseur d’une démocratie à rétablir. Une posture qui suscite autant d’adhésion que de scepticisme. Certains y voient une reconversion habile ; d’autres dénoncent une tentative opportuniste pour capitaliser sur l’instabilité politique actuelle.
Le CTRI, de son côté, adopte pour l’instant une position d’observateur silencieux. Tolérera-t-il cette tournée sans y voir une remise en cause directe de sa légitimité ? Ou finira-t-il par réagir face à cette montée en puissance de l’homme de Makokou ? Les questions restent ouvertes, mais chaque déplacement de Bilie-By-Nze teste un peu plus la permissivité du régime.
Alors que le sprint vers la présidentielle de 2025 est bel et bien lancé, la dynamique sur la scène politique gabonaise s’accélère. Entre les manœuvres stratégiques des aspirants au pouvoir et l’attentisme prudent du CTRI, une seule certitude demeure, l’électorat sera l’arbitre décisif d’un jeu politique dont les règles sont encore en pleine réécriture.
