Politique : la démocratie gabonaise est-elle en danger ?

Lors de sa récente tournée nationale intitulée « ACBBN Gabon Tour », l’ancien premier ministre d’Ali Bongo, Alain-Claude Bilie-By-Nze, a été confronté à plusieurs incidents entravant ses activités politiques. À Makokou, par exemple, il a dénoncé des fouilles répétées et intrusives menées au sein de son cortège par les forces de l’ordre, affirmant que ses biens personnels ont été ouverts de manière brutale. De plus, il a été informé d’un contrôle fiscal à titre personnel, qu’il considère comme une intimidation injustifiée. Ces évènements l’ont conduit à critiquer le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), accusant ses partisans de promouvoir la haine, la jalousie et la vengeance, plutôt que de garantir les libertés individuelles et promouvoir une véritable démocratie.

Les difficultés rencontrées par Bilie-By-Nze ne se sont pas limitées à Makokou. À Mitzic, son hôtel a été pris pour cible par certaines personnes mal intentionnées, l’obligeant à annuler une causerie prévue dans cette localité. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des manifestants proférant des menaces, certains déclarant : « Si Bilie-By-Nze traverse là, je lui mets les plombs ». À Oyem, le délégué spécial Jean Christophe Owono Nguema a interdit une réunion publique de la plateforme « Ensemble pour le Gabon », présidée par Bilie-By-Nze, invoquant une irrégularité administrative dans la demande. Ces incidents soulèvent des questions sur le climat politique actuel et la liberté d’expression au Gabon.

Les actions des partisans du CTRI pourraient paradoxalement renforcer la position de Bilie-By-Nze en tant que concurrent de premier plan dans la course pour la prochaine Présidentielle. En tentant de le marginaliser, ils attirent davantage l’attention sur lui et suscitent la sympathie de ceux qui perçoivent ces actes comme des injustices. De plus, ces comportements pourraient ternir l’image d’Oligui Nguema, président de la Transition, en le présentant comme un leader tolérant des pratiques antidémocratiques.

Il est important de noter que Bilie-By-Nze fait aujourd’hui l’expérience des méthodes autrefois employées par le Parti démocratique gabonais (PDG), formation politique à laquelle il a appartenu, contre plusieurs opposants lorsque ledit parti était au pouvoir. Par exemple, lors des élections de 2023, l’opposant Raymond Ndong Sima avait été empêché de tenir une causerie à Makokou par des habitants de cette localité. Cette récurrence de tels évènements entravent la liberté politique et souligne un cycle de répression qui perdure, indépendamment des changements de leadership.

Ces incidents mettent en évidence un paradoxe : alors que le Gabon aspire à restaurer ses Institutions et à promouvoir un État de droit, les pratiques répressives persistent et ternissentl’image de notre jeune démocratie. Pour que la Transition soit crédible et que les Institutions soient véritablement restaurées et fortes, il est essentiel que les autorités actuelles puissent garantir une véritable liberté d’expression et le droit à la participation politique pour tous les citoyens, sans discrimination ni intimidation.

Les récents évènements entourant la tournée de Bilie-By-Nze illustrent les défis persistants dans le paysage politique gabonais. Les actions répressives des partisans du CTRI contre des figures politiques, qui dénoncent le système actuel, risquent de renforcer la position de leurs adversaires et pourraient compromettre la légitimité du processus de Transition en cours. Il est donc impératif que le Gabon puisse rompre avec ces pratiques d’un autre âge afin de construire un avenir politique inclusif et respectueux des droits de chacun.

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