
Le développement de nos sociétés modernes, au-delà de l’aspect organisationnel, avec la mise en place d’infrastructures qui répondent aux normes contemporaines symbole de l’évolution de l’homme, doit désormais prendre en compte d’autres aspects de celui-ci. En effet, outre ces conditions de vie qui évoluent, nous devons également faire face à l’apparition de certains phénomènes sociaux ou mieux encore certaines pathologies qui n’ont pas souvent attiré les regards des spécialistes. Au nombre de celles-ci, nous avons la phobie, qui désigne la peur qu’un individu peut avoir envers quelque chose ou quelqu’un, à l’instar de la téléphonophobie.
Contrairement à la Nomophobie, qui désigne la peur d’être séparé de son téléphone, désormais on assiste à la montée d’un nouveau phénomène, celui de la téléphonophobie. Il s’agit de l’effet inverse de la Nomophobie, qui cette fois-ci est la peur ou l’angoisse de passer ou de prendre des appels. Cette phobie est de plus en plus répandue, dans un contexte où plus de 95% des gabonais disposent d’un portable.
Pour expliquer ce phénomène, les explications fusent de tous les côtés. Certains évoquent une question d’habitude pour justifier ce comportement. En effet, pour Jean, par exemple, un compatriote d’une trentaine d’années : « je ne réponds pas aux appels parce que cela n’est pas dans mes habitudes. Je préfère le contact physique. Excepté les urgences, sinon je ne réponds pas souvent au téléphone », s’est-il exprimé sur la question. Dans cette approche, Jean n’est pas seul. Ils sont plusieurs gabonais à soutenir cette approche.
En outre, d’aucuns considèrent que ce phénomène grandissant trouve également son origine dans des considérations superstitieuses. En ce sens que leur crainte de répondre ou de passer des appels est dû au fait qu’ils pourraient recevoir une mauvaise nouvelle. Donc pour ne pas avoir une annonce qui pourrait troubler leur quiétude, ces derniers préfèrent plutôt la messagerie, contrairement aux appels vocaux, qui pour eux sont plus stressants.
« Je préfère ne pas répondre aux appels, surtout ceux des numéros inconnus ou masqués. Je n’aimerais pas recevoir une mauvaise nouvelle qui viendrait gâcher ma paix », a indiqué Félix, avec beaucoup de réticence.
Au vu des multiples interprétations liées à cette phobie grandissante, il s’avère évident que la Téléphonophobie semble gagner du terrain auprès de plusieurs individus. Outre le Gabon, dont les proportions demeurent légères, certains pays voient le phénomène s’installer avec plus d’intensité.
En France, par exemple, selon une étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), 2% des français ne décrochent jamais à leur téléphone fixe ou portable, quand dans le même temps, 30% d’entre eux filtrent systématiquement les appels entrants. Par ailleurs, 19,7% des français entre 15 et 29 ans restent injoignables.