
Depuis plusieurs années déjà, une réalité silencieuse mais très alarmante ne cesse de s’enraciner dans les foyers gabonais, bouleversant ainsi l’équilibre social et menaçant l’avenir de toute une jeunesse. En effet, dans de nombreux ménages à travers le pays, une tendance inquiétante se confirme ; celle des pressions exercées par les parents sur leurs enfants, les enjoignant à contribuer financièrement aux charges familiales. Une exigence qui ne tient souvent pas compte de la situation réelle de ces jeunes, quand on sait que nombreux sont encore en quête d’un emploi stable ou poursuivent encore leurs études.
Sous le poids de cette injonction familiale, certains jeunes finissent par céder à la tentation de l’argent facile. Vols à la tire, braquages, vente de stupéfiants ou encore prostitution sont devenus, pour une partie d’entre eux, des issues de secours désespérées. Le phénomène du « placement », expression couramment utilisée au Gabon pour désigner la prostitution en bande organisée, prend de plus en plus de l’ampleur, illustrant le désarroi d’une génération poussée dans ses derniers retranchements.
Ces pratiques, bien que marginales en apparence, témoignent d’un mal profond, celui de jeunes livrés à eux-mêmes, sans accompagnement, ni écoute, ni structures vers lesquelles se tourner. « Les jeunes vivent ces pressions dans un silence douloureux », confie une assistante sociale à Libreville. « Beaucoup n’osent pas dénoncer de peur de briser le lien familial ou d’être jugés ».
Face à cette situation, les avis divergent. Certains estiment que les parents, confrontés à des difficultés économiques croissantes, agissent par désespoir. Mais pour d’autres, aucune circonstance ne saurait justifier le fait d’encourager son enfant à emprunter des voies illégales voire dangereuses.
Le débat est donc ouvert. Mais une chose est certaine : c’est qu’il devient urgent de mettre en place des dispositifs de soutien psychologique, sociaux et économiques, aussi bien pour les jeunes que pour les familles. Car c’est tout un pan de la jeunesse gabonaise qui, aujourd’hui, vacille sous le poids de responsabilités précoces et injustes.