
Créée en 1962, l’École nationale d’administration (ENA) n’avait jamais été dotée d’un statut juridique officiel. Une situation paradoxale pour une école censée former les futurs cadres de l’État. Ce vide juridique appartient désormais au passé. Dans le cadre du programme des 100 jours lancé par le ministère de la Fonction publique, une commission pluridisciplinaire s’est attelée à doter l’établissement de textes organiques et institutionnels solides.
Un mois de réflexion pour poser les fondations
Du 26 mai au 25 juin 2025, plusieurs sous-commissions ont planché sur des thématiques stratégiques : la structuration du Conseil d’établissement, la mise en place du Conseil scientifique et pédagogique, la création d’une Direction administrative et financière, et la rédaction des statuts. Cette organisation a permis une réflexion fine sur les besoins réels de l’institution et sur les ambitions qu’elle porte désormais.
« Ces textes sont les piliers d’une ENA renouvelée, capable de répondre aux exigences de transparence, d’efficacité et de qualité de formation », a affirmé Adèle Sabine Ilama Mombot Nguimbi, directrice générale de l’école. Elle voit dans cette réforme « une chance de reconstruire un outil de formation digne d’une République moderne ».
Place à la pédagogie de la performance
Le cœur de la réforme réside dans le repositionnement pédagogique de l’ENA. Le Conseil scientifique et pédagogique, désormais central dans l’organigramme, aura pour mission d’assurer la pertinence et la qualité des formations. Ce conseil deviendra l’organe de pilotage académique, garantissant l’adéquation entre la formation dispensée et les besoins réels de l’administration publique.
Les futures offres de formation intégreront également des modules adaptés aux réalités actuelles de la gestion publique, comme la transformation numérique, la gestion axée sur les résultats, ou encore la communication institutionnelle.
Ouverture au monde et formation continue
Autre volet essentiel : l’internationalisation. La sous-commission « Rédaction des statuts » a proposé la signature de conventions avec des partenaires étrangers, pour faire de l’ENA un centre ouvert au multilinguisme et aux échanges internationaux. « Nous devons former des administrateurs capables d’évoluer dans un environnement globalisé », a soutenu Rita Kambangoye épse Barreau, vice-présidente de la sous-commission et diplomate de carrière.
Une autre proposition forte concerne l’élaboration d’un catalogue de formations continues, afin d’accompagner les agents publics tout au long de leur carrière. L’ENA n’est plus seulement une école pour jeunes diplômés, elle devient un pôle de développement professionnel pour l’ensemble de la fonction publique.
Une gouvernance interne modernisée
La réforme prévoit également la suppression du Secrétariat général, remplacé par une Direction des affaires financières, plus conforme aux exigences de transparence budgétaire. Une Direction administrative et financière assurera désormais un rôle stratégique dans la gestion interne de l’institution.
Pour Lazare Mbadinga, président de la sous-commission concernée, cette nouvelle direction « sera un levier d’efficacité. Elle accompagnera la réforme pédagogique en assurant une gouvernance rigoureuse ».
L’ENA, moteur de la République nouvelle
Plus qu’un simple chantier administratif, la réforme de l’ENA s’inscrit dans une vision nationale. Le président Brice Clotaire Oligui Nguema a fait de la refonte de l’administration une priorité. En dotant l’ENA d’un cadre structuré, l’État se donne les moyens de former les administrateurs qui porteront cette ambition.
La rentrée prévue le 30 juin prochain s’annonce donc comme un moment symbolique. Une nouvelle génération d’élèves y fera ses premiers pas dans une école métamorphosée, prête à former ceux et celles qui serviront la République de demain.