
L’avènement des réseaux sociaux a fortement modifié la structure organisationnelle de nos sociétés contemporaines, offrant aux utilisateurs des canaux d’expression inédits jusqu’à présent. Cette liberté octroyée par ce nouveau mode de communication fait, aujourd’hui, l’objet de plusieurs débats, dû notamment à certains usages à travers des plateformes telles que Facebook et Tiktok. Le dernier cité suscite des interrogations au sein de l’opinion africaine, au regard de son influence sur le quotidien des populations, mais aussi l’impact que ce réseau peut avoir sur les relations entre peuple africain, confronté aujourd’hui à une tendance » les clashs ».
Attaques virulentes, invectives, panels rythmés par des échanges houleux, voilà autant de traits de caractère qui ressortent au cours des différents « Lives » organisés sur la plateforme Tiktok, qui mettent en scène la fracture entre plusieurs pays africains, au détriment des liens de fraternité et de cohésion qui ont toujours prévalu sur le continent. Un climat de fracture souvent entretenu par certains acteurs, profitant de leur notoriété, conséquence du nombre d’abonnés ou des followers.
Comme illustration, nous avons eu le clash entre certains influenceurs camerounais, opposés à leurs homologues ivoiriens. Puis, s’en est suivi plus récemment, l’opposition entre des influenceurs Gabonais et béninois. Tout serait parti d’une altercation entre des commerçantes gabonaises et béninoises, dans la ville de Lambaréné, chef-lieu de la province du Moyen-Ogooué, au centre du pays. La vidéo, qui a largement circulé sur les réseaux sociaux, s’est propagée comme une traînée de poudre, entraînant par la suite un tollé des deux côtés.
Si les autorités des deux pays ont privilégié l’approche diplomatique pour faire descendre les tensions, les réseaux sociaux quant à eux ont été pris d’assaut par les internautes, gabonais et béninois, pour des affrontements. Aussi, dans ce contexte déjà électrique, certains ressortissants des autres pays du continent sont rentrés dans la danse, d’aucuns pour calmer les choses, et d’autres pour les envenimer encore plus. Des approches aussi diverses que variées, qui témoignent de la complexité existentielle des relations entre peuples africains de nos jours, pourtant unis par une histoire commune.
De Nelson Mandela à Thomas Sankara en passant par Mouammar Kadhafi, pour ne citer que ces personnages là, l’Afrique a toujours été portée par des valeurs d’unité et de cohésion, lesquelles sont le socle même de l’identité africaine. Ces hommes, qui l’avaient bien compris, en ont fait un cheval de bataille, devant l’oppression occidental, pour rappeler, combien de fois ces terres sont l’apanage du fruit de plusieurs efforts et sacrifices, consentis par nos devanciers. De fait, il ne serait pas avantageux pour le continent de fracturer le tissu social entre nations, conséquence d’une quête de célébrité ou de notoriété, qui, au final, ne peut véritablement traduire l’impact réel d’un individu sur sa communauté, si celle-ci s’appuie sur le rejet de l’autre.