21 septembre 2024

Hôpitaux publics du Gabon : ces grands corps malades

L’affaire fait grand bruit sur les réseaux sociaux depuis quelques heures. Il s’agit du déballage du personnel médical sur la page de l’influenceur Philippe Arsène Owono, à propos du dénuement auquel ils font face dans les hôpitaux publics. Toute chose qui les contraint à acheter eux-mêmes du matériel de base comme les gants. Sinon à les exiger aux patients, comme cela se fait actuellement pour les opérations chirurgicales.

L’on savait déjà que les hôpitaux publics du Gabon sont déficitaires en personnel médical (un gap de 6 mille agents en 2023, selon le Syndicat national des agents de la Santé). Ce qui fait l’actualité ces dernières heures, c’est leur dénuement en matériel. L’affaire concerne particulièrement l’obligation faite aux patients d’acheter le matériel médical nécessaire aux opérations chirurgicales.

Pour les femmes qui accouchent par césarienne comme pour les autres patients, l’ordonnance post-opératoire impose la casaque chirurgicale du médecin et de ses équipes, des gants, des fils de suture, du coton et tous les autres accessoires du bloc opératoire. Du Centre hospitalier universitaire d’Owendo à celui dédié à la Mère et à l’enfant, en passant par le Centre hospitalier universitaire de Libreville, la donne est la même depuis de nombreuses années. Tant et si bien que les patients ne savent plus vers qui se tourner pour la changer.

Face à l’afflux des récriminations, un médecin qui a requis l’anonymat a appelé à « sonner l’alarme chez les bonnes personnes ». Estimant que les soignants sont « les premiers à souffrir de ces maux (…) Nous ne sommes pas responsables du manque de matériel de base dans les hôpitaux. J’ai été dans des services où j’ai dû moi-même trouver des gants pour des soins, quand d’autres collègues prenaient le risque de faire sans. Des services sans eau, alors qu’après chaque geste il faut se laver les mains. J’ai été dans des services où des patients arrivent en urgence, mais il n’y a ni compresses, ni bandes, ni fils, ni sparadrap, ni de solutés pour assurer les premiers soins…S’ils (les gestionnaires d’hôpitaux NDLR) sont incapables de nous fournir ce matériel de base qui ne coûte pas grand-chose , pensez-vous que ce sont les tenues de bloc qu’ils vont nous fournir ? », s’est interrogé le praticien. Avant d’ajouter : « Ça ne fait jamais plaisir de voir la prise en charge d’un patient traîner parce qu’on n’a pas le minimum pour le traiter ».

Par ailleurs, nombre de structures sanitaires publiques se plaignent de ce que les budgets alloués ne sont que très peu exécutés. C’est le cas du CHU de Libreville qui, il y a deux ans, affichait 19% de ressources récoltées, sur un budget annuel prévu à 8 milliards FCFA en recettes et dotations de l’État. Trop peu pour faire grand-chose. Même si, dans le même temps, les fonds propres peuvent masquer le marasme actuel, notamment dans les CHU que l’on dit de véritables entreprises.

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