
Le dossier concerne un jeune compatriote âgé à l’époque de 29 ans, et décédé à la prison centrale de Libreville.
En 2020, Cédric Apedo décédait à la prison centrale de Gros-Bouquet où il était en détention préventive. C’était exactement le 17 mai. Un dimanche. La nouvelle avait attristé sa famille, sans peut-être pas l’étonner, au regard de l’état de santé fragile du défunt.
Cinq jours plus tôt, Cédric Apedo, à l’époque âgé de 29 ans, avait été arrêté autour de 4h30 du matin à son domicile, sis à Alibandeng, par des agents de l’Office centrale de la lutte anti-drogue (OCLAD). Ces derniers le soupçonnaient de détention de cannabis, selon plusieurs sources proches du dossier.
Lesquels assurent que « Cédric a été affamé et torturé durant toute sa garde à vue ». Le 15 Mai 2020, il est présenté au parquet de la République, très affaibli par les actes de torture subi. Un état de forme qui n’avait pas empêché le magistrat instructeur de le placer sous mandat de dépôt à la grande maison d’arrêt de Libreville, au grand désarroi de ses parents qui escomptaient une clémence de la part de la justice.
« Lorsqu’il avait admis à la prison, Cédric Apedo n’avait même pas été conduit à l’infirmerie afin d’évaluer son état général. Il n’avait donc pas reçu des soins. Il avait été directement placé dans une cellule », se souvient, mélancolique, dame Berthe, sœur aînée du défunt. Un codétenu rapporte que « Cédric ne cessait de se plaindre d’étouffement », selon SOS Prisonniers, une organisation de défense des droits des détenus.
Finalement, le 17 mai 2020, c’est-à-dire deux jours seulement après sa mise en détention, le jeune Apedo décède. Attristée, la famille, par le biais d’un médecin assermenté, va découvrir à l’identification du corps que celui-ci est en début de décomposition. Mais aussi des hémorragies buccale et nasale, ainsi que des enflures au niveau des lèvres, du cou, de l’abdomen, du visage et au thorax.
Pour en savoir davantage, la famille commande une autopsie. Faite par un médecin légiste, elle aurait attesté que « le défunt aurait subi des violences ». En somme, « Cédric Apedo aurait été victime d’une agression physique sur la tête avec un objet contondant responsable de la fissuration de l’os temporal droit (crâne). Il y a également une ecchymose à la paroi thoracique droite qui pourrait avoir été causée par un coup avec un objet contondant sur la poitrine. Pire, la victime ne se serait pas alimentée pendant plusieurs jours ».
Après ce constat pour le moins douloureux, une plainte est déposée contre les agents de l’OCLAD. Saisie par les autorités judiciaires qui tenaient à la manifestation de la vérité, l’Inspection générale de la police a mené une enquête en toute indépendance et professionnalisme. Ce qui a conduit au placement sous mandat de dépôt, par le juge d’instruction en charge du dossier, de deux agents dont la responsabilité a été établie.
Sauf que, après seulement six jours de détention, les deux flics se retrouvent dehors. Depuis, c’était l’omerta. Ce, bien que le dossier ait été confié à un autre magistrat instructeur.
L’arrivée au pouvoir du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CRTI) a, assurément, donné beaucoup d’espoir à plusieurs familles. Avec la résurrection de nombreuses affaires qui étaient rangées dans les tiroirs.
Celui concernant Cédric Apedo apparaît comme une patate chaude qu’hérite le nouveau ministre de la Justice, à qui l’on ne demande que la vérité sur l’acte de décès de Cédric, son certificat de décès signé du médecin de l’infirmerie de la prison centrale, le rapport du constat du décès et le rapport d’autopsie du médecin légiste.