Appels au rétablissement de la peine de mort : « ça s’entend, mais… »

Après le quadruple homicide de Franceville, le récent meurtre de Sotega a fini de convaincre certains Gabonais de revenir à la peine capitale. Un avis qui s’entend, selon la juriste Ornella Anguezomo Ella, qui en fixe toutefois les limites.

L’actualité de ces derniers jours, marquée par l’horrible assassinat de la jeune Jessica, au Rond-point de la Démocratie, pousse de plus en plus de Gabonais à souhaiter le retour de la peine de mort. Un dispositif juridique que le pays avait aboli en 2010, après l’avoir appliqué entre 1974 et 1985 (le texte en lui-même datait des années 1960).

Les nostalgiques de cette loi évoquent la nécessité de frapper fort, en effrayant les potentiels criminels avec plus de répression. Ce d’autant plus que les dispositions juridiques actuelles, ne semblent plus effrayer personne.

Une posture que comprend la juriste gabonaise Ornella Anguezomo Ella, mais qu’elle ne partage pas entièrement : « En tant que citoyenne, je peux comprendre, et même être d’accord avec les appels au retour de la peine de mort. Parce que perdre un parent, enterrer un être cher, parfois l’espoir d’une famille, ce n’est pas chose aisée. Mais la juriste en moi est forcée de reconnaître qu’appliquer la peine capitale n’avait pas déjà résolu le problème de la criminalité dans notre pays durant les années 70. Au contraire« .

Comme elle, beaucoup prennent en exemple les États-Unis, où la peine de mort est appliquée, ce qui n’empêche pas ce pays d’être parmi ceux qui enregistrent le plus de crimes à l’année. Que faire dès lors ? Un observateur avisé semble avoir le remède.

« Il faut questionner les causes profondes de ces crimes, généralement commis par des jeunes désœuvrés. L’on se rendrait compte que l’oisiveté après un décrochage scolaire, la démission parentale, l’absence de réinitialisation sociale après un emprisonnement, sont pour quelque chose« . Pour ce dernier, ce sont ces causes qu’il faut commencer à résoudre, avant de penser à ramener la peine capitale au Gabon.

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