
Les faits semblent asseoir cette thèse. Les jeunes loups de la profession donnant l’impression de vouloir contourner les décisions du Conseil d’Etat, seule juridiction pourtant habilitée à désigner un bâtonnier intérimaire.
Au Gabon, le fair-play ne semble plus le pain le plus partagé au sein de la grande famille des avocats. C’est du moins ce que croit une large opinion, observatrice de la crise qui ébranle le barreau national depuis près d’un an maintenant.
Entre les « doyens » constitués pour la plupart d’anciens bâtonniers et les jeunes loups portés par Mes Lubin Ntoutoume et Raymond Obame Sima, c’est désormais en chien de faïence que l’on se regarde. Si les deux camps disent agir dans l’intérêt du barreau national du Gabon, il est cependant observé une attitude malicieuse qui porterait atteinte à l’image de cette organisation qui a un rôle essentiel de conseil, de prévention, de conciliation et d’arbitrage lors de conflits, notamment entre avocats ainsi qu’entre ces derniers et les clients.
La tenue, le 4 novembre dernier, d’une assemblée générale plutôt qu’une réunion de concertation, à l’initiative d’un groupe de jeunes avocats qui ont désigné Me Lubin Ntoutoume comme bâtonnier intérimaire, peut susciter des questionnements aussi légitimes et qu’étonnants. Surtout que cette rencontre a lieu alors que la sortie de crise est suspendue à la très attendue décision du Conseil d’Etat qui, dans ce cas précis, est l’unique juridiction ou institution habilitée à nommer justement un intérimaire à la tête du barreau.
Dès lors, que cacherait l’organisation de cette assemblée générale ? Que viserait la désignation d’une personne dont les agissements ont conduit le Conseil d’Etat à se prononcer en faveur de l’annulation de l’élection d’un bâtonnier (son successeur) et des membres du Conseil de l’Ordre ?
Au Gabon, notamment, le Conseil d’Etat est la plus haute juridiction en matière administrative. A l’évidence, il suffirait pourtant de le laisser agir dans le strict respect des dispositions légales. Surtout que ce n’est pas la première fois qu’il est appelé à se prononcer sur ce genre de dossiers.
L’on a, en effet, souvenance de sa décision rendue le mercredi 6 juin 2018, portant annulation de l’élection de Me Lubin Ntoutoume survenue le 31 mars de la même année. C’était à la suite d’un recours introduit par les avocats Jean-Pierre Akumbu m’Oluna (bâtonnier sortant à l’époque) et Gilbert Eranga.
Les requérants avaient notamment mis en avant le non-paiement par l’élu de ses cotisations, tel que l’exige
la loi. En attendant le dénouement de l’affaire, l’intérim du barreau du Gabon avait été confié à Me Norbert Issialh.