L’ancien « messager intime » d’Ali Bongo Ondimba s’exprime ainsi dans une interview donnée au Magazine Jeune Afrique. Ce qui est étonnant et incohérent, quand on se souvient que durant son incarcération, ses avocats et lui ont tous brandi sa nationalité française.
Brice Laccruche Alihanga est finalement de quelle nationalité ? Est-il Gabonais ? Français ? Ou Franco-Gabonais ? L’entretien accordé par l’ancien puissant directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba au magazine Jeune Afrique est sujet à interrogation. Surtout lorsqu’on se souvient de l’attitude de ses avocats et de certains médias de l’Hexagone qui, durant toute la durée de son incarcération, ont fait toujours jouer sa nationalité française pour solliciter sa mise en liberté.
Alors qu’il est accusé par le Ministère public, l’Agence judiciaire de l’Etat (AJE) et une bonne partie de l’opinion d’avoir dilapidé les finances publiques avec ses « BLA-boys » et profité de l’AVC d’Ali Bongo pour asseoir sa suprématie, Brice Laccruche Alihanga vante aujourd’hui sa « gabonité », en assurant qu’il a voulu sauver le Gabon.
« Je me considère comme totalement Gabonais, même si ma couleur de peau pourrait ne pas l’indiquer pour qui ne me connaîtrait pas. Chez nous, les Bantous, et en particulier chez les Obambas, un adage dit que l’enfant appartient à celui qui l’élève », affirme-t-il. Se considérant comme un natif du village Eyouga, non sans indiquer que « depuis quasiment ma naissance, j’ai été élevé par un père obamba et je suis imprégné de cette culture ».
Dans un article publié le 5 juin 2022, le journal français Le Parisien évoquait, en parlant donc de Brice Laccruche Alihanga, « le destin plus proche de celui du général Alcazar de ce Français de naissance qui a grandi au Gabon ». De son côté, Me Dominique Inchauspé (Paris), un des avocats de l’ex-messager intime du président déchu, avait affirmé qu’il avait saisi, avec un confrère gabonais, le président français Emmanuel Macron pour solliciter son intervention en vue de la libération de son compatriote.
Nommé directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba en 2017, le leader de l’Association des jeunes volontaires émergents (Ajev) était devenu le véritable homme fort du pouvoir gabonais pendant la longue convalescence du président de la République, à la suite de son accident vasculaire cérébral (AVC) en octobre 2018. Alors qu’il n’hésitait pas à menacer publiquement des membres du gouvernement et autres hauts cadres de l’administration qui s’agaçaient de la gestion du pays, lorsqu’il était le proche collaborateur du chef de l’Etat déposé par les forces de défense et de sécurité le 30 août dernier, Brice Laccruche Alihanga vante donc désormais sa « gabonité ».
Pour rappel, ce dernier est allé en prison, avec d’autres anciens ministres et hauts responsables de l’administration, dans le cadre de l’opération mains propres baptisée Scorpion. Il était accusé de faux et usage de faux, détournement d’argent public, blanchiment de capitaux et concussion.
Une affaire toujours pendant devant la Cour criminelle, bien que mis en liberté provisoire depuis le 20 octobre dernier, après 4 ans passés derrière les barreaux. Désormais hors des geôles, il parle de ses grands-parents maternels arrivés à Mayumba en 1947, en plus de l’éducation reçue chez les obamba, une ethnie du sud-est du Gabon.