
Poursuivis pour des faits jugés graves après leur interpellation à la frontière entre le Gabon et la Guinée équatoriale, en possession de documents compromettants, la loi pénale prévoit jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle et 100 millions d’amende contre « quiconque entretient, avec des agents d’une puissance étrangère, des intelligences de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique du Gabon ».
Le vendredi 13, jour de malédiction aussi pour l’évêque Mike Steeve Jocktane, Joël Kassoum Ndong Assoumou et Thérence Gnembou ? Tout porte à le croire car, après leur mise en liberté intervenue vendredi 13 octobre dernier, l’on apprend que ces compatriotes sont toujours dans le collimateur de la justice.
Laquelle justice les poursuit pour présomption de trahison et d’intelligences avec une puissance étrangère, apprend-on. Les deux crimes semblent liés. C’est du reste pourquoi le Code pénal dispose que si elle est commise par un Gabonais, la trahison est constituée en entretenant des intelligences avec un pays étranger, en vue de l’engager à entreprendre des hostilités ou un acte d’agression contre le Gabon. Ou bien de lui en fournir les moyens pour arriver à la prise du pouvoir.
Etait-ce vraiment l’ambition des trois personnes inquiétées aujourd’hui ? Oui, vraisemblablement. Car, le mardi 5 septembre 2023, ils ont été interpellés à la frontière entre le Gabon et la Guinée équatoriale en possession de deux courriers secrets. Les deux correspondances étaient destinées aux dirigeants de deux pays d’Afrique centrale, auprès desquels ils auraient été missionnés par un ancien candidat à la dernière présidentielle gabonaise pour solliciter leur aide, en vue du rétablissement de l’ordre constitutionnel.
C’est pour ces faits qu’ils avaient d’ailleurs été placés en détention préventive à la prison du Peloton d’Oyem. Bien qu’ayant recouvré la liberté, ils risquent quand même de lourdes sanctions si, finalement, ils venaient à être jugés.
La loi pénale gabonaise prévoit en effet, pour ce genre de cas, jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle et 100 millions d’amende contre « quiconque entretient, avec des agents d’une puissance étrangère, des intelligences de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique du Gabon ».
Alors que cette sanction pénale n’aurait pu s’adresser qu’à Mike Steeve Jocktane, porteur de ces documents compromettants, ses accompagnateurs Thérence Gnembou et Joël Kassoum Ndong Assoumou tombent également sous le coup de la loi. Et celle dont il est question ici dispose que « outre les personnes qualifiées auteurs, celles ayant eu connaissance des faits constitutifs des infractions sont considérées comme complices pour n’avoir rien dénoncé ».
Il en est ainsi de tout individu qui a eu connaissance des intentions de leurs auteurs, leur a fourni subsides, subsistances, moyens de transport ou de communication ; de celui qui a porté sciemment la correspondance d’un auteur d’un crime ou d’un délit.
En dépit de la gravité des faits reprochés à ces proches du Pr Albert Ondo Ossa, les autorités de la Transition semblent avoir privilégié l’apaisement, mais aussi la cohésion nationale et la réconciliation nationales. Ce qu’a plaidé Alexandre Barro Chambrier, lors de l’audience accordée par le président de la Transition, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, à la plateforme Alternance 2023, au Palais Rénovation.