
Conformément au principe rotatif concernant l’occupation des responsabilités au sein des entités de la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale, les postes de secrétaire général et de secrétaire général adjoint de la Commission bancaire de l’Afrique centrale devraient revenir respectivement à ces deux pays. Mais lors de la dernière Conférence des chefs d’État tenue dernièrement à Bangui, un Centrafricain a été honteusement et étonnamment maintenu à la tête du secrétariat général de la (Cobac), laquelle a déjà pour président un ressortissant de cette même nation.
L’unité au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) serait-elle en train de se fissurer ? Bien malin qui pourrait répondre avec exactitude à cette interrogation.
Il y a cependant une violation flagrante de certaines décisions communautaires pourtant adoptées unanimement par les dirigeants de cet espace géographique, notamment en ce qui concerne les postes au niveau des entités de la Cémac. Un organe au sein duquel l’équilibre et la cohésion reposent en fait sur un ensemble de textes régissant les nominations et les rotations aux postes de responsabilité dans les institutions communautaires.
Mais tout cela a été mis à mal lors de la dernière Conférence des chefs d’État qui s’est tenue à Bangui en Centrafrique. Notamment du fait de la non-décision concernant la nomination du secrétaire général de la Commission bancaire d’Afrique centrale (Cobac), ce qui contrevient de façon honteuse à l’Acte additionnel no16/CEMAC/CCE/10 du 17 juin 2010.
Celui-ci met fin au consensus de Fort-Lamy et instaure le principe de rotation aux postes de responsabilité au sein des institutions de la Cémac. De plus, ce texte, garant de l’équité et de la répartition équilibrée des responsabilités entre les pays membres, est essentiel au maintien de la stabilité institutionnelle.
A l’issue de la rencontre de la capitale centrafricaine, en présence du ministre gabonais de l’Economie et des Privatisations, Mays Mouissi qui y est allé apparemment comme simple participant, il a été décidé du maintien d’un ressortissant centrafricain à la tête de la Cobac. Ce, en violation du principe de non-cumul par un État.
Ce qui menacerait l’indépendance et l’impartialité de cette institution clé. D’autant que cette concentration des responsabilités entre les mains d’une seule nation compromettrait la prise de décisions équilibrées et impartiales, particulièrement dans un secteur aussi sensible que la régulation bancaire et financière. De surcroît, l’incompatibilité manifeste entre le président et le secrétaire général de la Cobac pourrait entraver le bon fonctionnement de l’institution et, ainsi, affaiblir sa légitimité aux yeux des acteurs internes et externes.
Pour restaurer la confiance et prévenir l’effondrement des institutions communautaires, il est impératif de prendre des mesures urgentes, en mettant par exemple fin immédiatement au mandat (de trop) du secrétaire général de la Commission bancaire et confier l’intérim à son adjoint. Aussi, faudra-t-il rétablir sans délai le respect du principe rotatif dans l’ordre alphabétique, en nommant le Congo au poste de secrétaire général de la Cobac et le Gabon à celui de secrétaire général adjoint.
Car, conformément aux dispositions légales en vigueur, c’est à ces deux Etats que les postes en questions doivent normalement revenir. Enfin, il est plus essentiel pour les pays de réaffirmer leur engagement envers le respect du cycle de rotation, tout en tirant les enseignements nécessaires pour éviter de futures violations des règles établies. La finalité étant de prévenir et d’éviter une crise institutionnelle majeure.