
La Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), acteur clé de l’industrie minière gabonaise, traverse une crise sociale majeure. Dans une lettre ouverte, le secrétaire général du Syndicat des travailleurs des industries minières et métallurgiques (STRIMM), Joscelain Lebama, dénonce les pratiques managériales discriminatoires et l’érosion des compétences locales, appelant ainsi les salariés à se mobiliser pour défendre leurs droits. Cette crise s’intensifie à l’approche d’une Assemblée générale (AG) cruciale prévue à Moanda ce 2 décembre 2024.
Le principal point de discorde repose sur la création controversée d’un « Comité de direction gabonais » par la direction générale. Selon le STRIMM, cette décision institutionnalise une logique de division et nuit à l’unité entre travailleurs Gabonais et Expatriés. Cette mesure, qualifiée de ségrégationniste, accentue le malaise au sein de l’entreprise et complique la relance d’un dialogue social constructif. Une réunion de trois jours, tenue récemment à Libreville entre la direction générale et les représentants syndicaux n’a produit aucun résultat tangible.
Face à cette impasse, les travailleurs de la Comilog Owendo ont déjà entamé un mouvement de grève, marquant ainsi leur mécontentement. L’AG, prévue à Moanda, pourrait intensifier le mouvement si aucune solution concrète n’est apportée. Le syndicat accuse la direction générale de mépris envers les préoccupations des salariés, en particulier celles concernant les promesses non tenues depuis 2019, et exige des actions immédiates pour répondre à leurs attentes légitimes.
Outre le climat social tendu, le STRIMM pointe du doigt une gestion des ressources humaines jugée défavorable aux cadres gabonais. De nombreux travailleurs locaux seraient écartés au profit d’expatriés, en contradiction avec les orientations du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, qui avait insisté sur la priorité aux nationaux. Pour le syndicat, cette situation affaiblit les compétences locales et compromet l’avenir de l’industrie minière gabonaise.
Joscelain Lebama appelle donc les travailleurs à un sursaut collectif lors de l’Assemblée générale de ce 2 décembre 2024. Ce rassemblement est présenté comme un moment clé pour réaffirmer la dignité des salariés et exiger des réformes structurelles. Il exhorte les employés à dépasser leurs peurs et à s’unir pour défendre leur avenir et celui de l’industrie minière nationale.
Ce conflit à la Comilog met en lumière des enjeux cruciaux pour le Gabon : la valorisation des compétences locales, la justice sociale et la nécessité d’un dialogue sincère entre les acteurs sociaux. L’issue de cette crise sera déterminante pour l’avenir de l’entreprise et, par extension, pour l’économie nationale.