Au titre des revendications qui reviennent depuis l’arrivée au pouvoir du CTRI, figure la nécessité de créer des champions nationaux. Soit des entrepreneurs locaux leaders dans leur secteur d’activité. Un projet qui cadre avec la volonté maintes fois exprimée des nouvelles autorités de ramener l’économie gabonaise aux mains des nationaux.
Camille Epembia, ancien rappeur et entrepreneur à multiple casquettes, est de ceux qui soutiennent fermement cette idée : « il faut que nous arrêtions avec cette énorme soif d’investisseurs étrangers pour développer le pays. L’investisseur étranger doit venir seulement en auxiliaire de l’investisseur Gabonais… Car comme son nom l’indique, un investisseur étranger n »attend pas forcément le développement du pays où il fait des affaires, mais son retour sur investissement. l’État doit donner aux locaux les moyens de se développer, afin qu’ils puissent, en retour, réinvestir dans des projets réels de développement du pays« , a-t-il estimé.
Si cet argumentaire s’entend, il n’en présente pas moins des limites. Notamment au moment d’observer des pays tels que le Nigéria, où cette politique de champions nationaux a été impulsée par les pouvoirs politiques, mais où les richesses sont toujours assez mal partagées (Plus de 90 millions de leurs concitoyens vivent au-dessous du seuil de pauvreté). Même constat En Afrique du Sud, avec la politique de rattrapage économique postapartheid (Black Economic Empowerment) qui a favorisé l’émergence d’entrepreneurs noirs fortunés, sans véritablement profiter aux classes défavorisées.
« L’examen des politiques économiques volontaristes dans plusieurs pays africains laisse dubitatif sur la corrélation entre champions nationaux et développement inclusif« , estimait récemment Alain Kouadio, homme d’affaires ivoirien, président du groupe Kaydan. Ce dernier plaide plutôt pour des «filières championnes nationales». C’est-à-dire, des filières où le gros du chiffre d’affaires de l’entrepreneur ne sera pas absorbé par l’importation des matériaux et des équipements.