La question vaut son pesant d’or. Lecture.
De jeunes détenus ont été encore admis aux examens de fin d’année session 2023. Aussi bien pour le certificat d’études primaires (CEP), le brevet d’études du premier cycle (BEPC) que pour le baccalauréat.
Dans des villes comme Port-Genil, l’on a enregistré un score de 100% à l’examen ouvrant les portes de l’enseignement supérieur. À Libreville, l’on a atteint quasiment les 82% de réussite au CEP.
Ces résultats suscitent un questionnement pour le moins justifié. À savoir que faire de ces jeunes-là ? Est-ce que, dans ce cas de figure, la loi prévoit que les intéressés sortent pour continuer leurs études hors des geôles ? Si oui, est-ce à dire que les poursuites judiciaires à leur encontre sont définitivement arrêtées ?
Ces interrogations, nous les avons posées à des professionnels du droit au niveau du parquet général, du parquet de la République et aux responsables de SOS Prisonniers du Gabon, mouvement de défense et de promotion des détenus. Tous, tout en saluant les bons résultats scolaires obtenus par ces jeunes, expliquent que «le gouvernement et le législateur, dans le strict respect des droits humains, ont prévu des mécanismes leur permettant effectivement de poursuivre leurs études secondaires et supérieures».
Cela, en considération de ce que «tous les détenus, déjà jugés ou pas, ont le droit de participer à des activités culturelles et de bénéficier d’un enseignement visant le plein épanouissement de la personnalité humaine». Dans ce sens, si elle ne prévoit pas leur mis en liberté parce qu’ils ont simplement obtenu leurs examens, la loi leur offre l’opportunité de ne pas stopper leurs études, selon nos interlocuteurs.
En effet, l’article 14 de l’arrêté n°0018 portant règlement intérieur des établissements pénitentiaires au Gabon dispose que «la personne détenue peut poursuivre des études scolaires et universitaires, avec le concours des professionnels des Ministères en charge de l’Éducation nationale et de l’Éducation civique, ainsi celui en charge de l’Enseignement supérieur, dans les conditions compatibles avec la nécessité du maintien de l’ordre et de la sécurité».
Cette même loi autorise que le détenu en question puisse disposer, dans sa cellule, du matériel didactique, des fournitures scolaires ainsi que des documents pédagogiques nécessaires. De même, la personne en détention peut recevoir les cours par correspondance avec l’autorisation du chef d’établissement pénitentiaire».
À la lecture de ces dispositions, l’on peut aisément comprendre que les détenus ont donc la possibilité de faire des études supérieures. Il reste cependant à bien former les agents du pénitencier qui peuvent aussi administrer les enseignements aux jeunes prisonniers.
La possibilité qui leur est donnée de poursuivre leurs études ne met guère un terme aux poursuites judiciaires à leur encontre, indiquent nos interlocuteurs. Lesquels nuancent néanmoins en disant que «les intéressés peuvent bénéficier des remises de peine pour avoir eu un bon comportement en milieu carcéral. Tout comme ils peuvent également bénéficier d’une mise en liberté conditionnelle, du moins pour ceux qui ont déjà purgé la moitié de leur peine».
En fait, il faut savoir que la liberté conditionnelle est réservée à tous les détenus qui ont déjà purgé la moitié de la peine. La demande de mise en liberté provisoire devant être adressée au ministre de la Justice via le directeur de la prison centrale.
Au demeurant, tout en s’abstenant de substituer à la justice, le gouvernement et le législateur gardent à l’esprit que le milieu carcéral est un lieu de correction et de réintégration sociale. C’est donc aux détenus d’afficher un comportement exemplaire pour convaincre de leur bonne foi.