Le secteur de l’Éducation nationale au Gabon traverse actuellement une période de turbulence, avec une crise de gouvernance qui secoue deux institutions principalement, à savoir : l’École normale supérieure (ENS) et l’École normale supérieure de l’enseignement technique (ENSET). Ces deux établissements, qui bénéficient d’une double tutelle des ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, se retrouvent aujourd’hui au cœur d’une lutte de pouvoir et d’influence, où la deuxième administration citée semble, selon certains observateurs, vouloir prendre progressivement le contrôle exclusif desdites écoles.
La crise a éclaté publiquement lors d’une réunion organisée le 4 novembre 2024, par les syndicats du ministère de l’Éducation nationale, qui ont exprimé leur inquiétude concernant la gestion actuelle de ces deux institutions. Selon eux, le ministère de l’Enseignement supérieur serait en train de prendre le pas sur l’Éducation nationale dans la gestion de l’ENS et de l’ENSET. Ce qui compromettrait l’équilibre des responsabilités défini par la loi 11/93, à en croire les concernés. Une situation qui soulève moultes interrogations sur les conséquences et le devenir de ces établissements supérieurs.
En effet, l’ENS et l’ENSET, creusets pour la formation des enseignants et des techniciens supérieurs, se trouvent à ce jour à la croisée des chemins entre deux tutelles aux compétences et aux priorités parfois contradictoires. Cette « appropriation » progressive par l’Enseignement supérieur de la gestion de ces écoles pourrait, selon certains acteurs de l’Éducation nationale, constituer un dangereux précédent, remettant en cause la complémentarité et la synergie prévues par la loi.
La tension a été accentuée entre les différentes parties par les récentes déclarations du Syndicat national des enseignants chercheurs, section ENS (SNEC-ENS), qui a ouvertement accusé le ministère de l’Éducation nationale de ne pas assumer correctement ses responsabilités dans le fonctionnement de ladite école. Le SNEC-ENS a notamment mis en lumière plusieurs dysfonctionnements au sein de l’ENS, assimilés à un manque de gestion et de coordination de la part du ministère de l’Éducation nationale.
Des accusations sur lesquelles le secrétaire général par intérim du Syndicat de l’Éducation nationale (SENA), Memiaga Magloire, a vivement réagi à la faveur d’une conférence de presse tenue récemment. Il a réaffirmé que l’ENS et l’ENSET demeuraient sous une « double tutelle » comme l’indique la loi de 1993, tout en dénonçant l’attitude de certains acteurs du ministère de l’Enseignement supérieur qui cherchent à « s’accaparer » de ces deux institutions.