
À l’ère du tout-connecté, l’électricité demeure le cœur battant des sociétés modernes. Invisible quand elle coule à flot, elle devient une évidence douloureuse lorsqu’elle s’interrompt. Le monde en offre une illustration frappante : certaines nations maîtrisent leurs réseaux avec une précision chirurgicale, tandis que d’autres affrontent quotidiennement l’obscurité.
Au Japon, la stabilité énergétique relève presque de la prouesse technique : moins de cinq minutes de coupure par foyer et par an. Une performance due à une production décentralisée, des normes strictes et une synergie entre acteurs publics et privés. Depuis Fukushima, Tokyo a multiplié ses sources d’approvisionnement – nucléaire, renouvelables et réseaux intelligents – au point que certains hôpitaux n’utilisent même plus de générateurs de secours.
À l’opposé, l’Afrique reste prisonnière d’un paradoxe. Le continent possède 10 % des réserves hydrauliques mondiales, un potentiel solaire, éolien et géothermique colossal, mais près de la moitié de sa population vit encore dans l’obscurité. En Afrique de l’Ouest, le taux moyen d’accès à l’électricité plafonne à 51,3 %, très loin de la moyenne mondiale. Les coupures y sont monnaie courante : au Nigeria, elles peuvent dépasser quarante par mois.
Quelques exemples inspirants émergent néanmoins. Le Kenya tire plus de 75 % de son électricité des énergies renouvelables, notamment de la géothermie. Le Rwanda, quant à lui, mise sur les mini-réseaux solaires pour électrifier des villages entiers. Des initiatives qui montrent qu’un autre chemin est possible.
De ce constat, le Gabon occupe une position singulière. Doté d’un potentiel hydroélectrique considérable et d’un ensoleillement favorable au solaire, le pays a multiplié les projets pour améliorer son réseau. Pourtant, les réalités quotidiennes rappellent que la route est encore longue : les coupures intempestives perturbent la vie des ménages, ralentissent l’activité des entreprises et fragilisent la compétitivité nationale. Les générateurs privés, coûteux et polluants, restent des recours incontournables pour de nombreux foyers et institutions.