Gabon : entre condamnation et mémoire politique, une Transition sous tension ?

La récente agression verbale subie par l’ancien premier ministre, Alain Claude Bilie By Nze, dans le Woleu-Ntem, a provoqué une vive réaction du pouvoir en place. Par la voix de son porte-parole, Max Olivier Obame, qui a animé une conférence de presse hier au palais Rénovation, le président de la Transition a fermement condamné ces actes, appelant au respect du débat démocratique. Cependant, cette prise de position met en lumière les tensions persistantes entre partisans du régime actuel et figures de l’ancien pouvoir, dans un contexte où le rejet, par la population, des barons de l’ancien régime reste d’actualité.

Oligui Nguema tente-t-il le coup de l’apaisement ?

En condamnant publiquement l’attaque contre Alain Claude Bilie By Nze, le président de la Transition se positionne en garant de l’unité nationale et du respect du jeu démocratique. Cet incident illustre néanmoins les profondes divisions qui persistent au sein de la scène politique gabonaise. D’un côté, certains estiment que Bilie By Nze incarne un régime déchu aux pratiques controversées ; de l’autre, la Transition cherche à éviter une escalade des violences politiques qui pourrait fragiliser davantage un pays encore en quête de stabilité.

Une dénonciation à double discours

Toutefois, cette dénonciation soulève des interrogations quant à la cohérence de l’action gouvernementale. La Transition, qui s’était engagée à restaurer la démocratie et à garantir une ouverture politique, semble osciller entre la condamnation des violences et un rappel des responsabilités passées de Bilie By Nze dans des actions similaires. Ce discours ambivalent interroge sur la réelle volonté du pouvoir de rompre avec les pratiques d’exclusion et de censure qui ont marqué l’ancien régime.

Une continuité des pratiques politiques anciennes ?

Le parallèle entre les agressions subies par Bilie By Nze et celles qu’il aurait lui-même cautionnées par le passé pose la question de la pérennité des mauvaises méthodes politiques au Gabon. Le recours aux intimidations et aux restrictions de l’espace politique ne semble pas être l’apanage d’un seul régime, mais plutôt un symptôme d’un système ancré dans des logiques d’exclusion. La Transition, malgré ses engagements, peine à instaurer une véritable culture du pluralisme et du débat contradictoire.

Un rejet populaire de l’ancien régime ?

Au-delà des décisions gouvernementales, l’incident d’Oyem et de Mitzic révèle un profond ressentiment populaire à l’égard des figures de l’ancien pouvoir. Pour une partie de la population, ces personnalités sont responsables des difficultés actuelles du pays et ne devraient plus être autorisées à évoluer sur la scène politique. Cependant, cette logique de rejet pourrait s’avérer contre-productive si elle empêche un véritable dialogue national et une réconciliation nécessaire à la stabilité du pays.

Une Transition politique sous pression ?

Cette affaire illustre à quel point la transition politique au Gabon reste fragile. Les tensions héritées du passé ne sont pas totalement apaisées, et la gestion de la scène politique demeure un exercice périlleux. Pour garantir un climat démocratique serein, les autorités devront non seulement condamner toutes les formes d’intimidation, mais aussi assurer un accès équitable à l’espace politique pour tous les acteurs, sans distinctions partisanes. Faute de quoi, les fractures risquent de s’aggraver et de compromettre la réussite de cette Transition.

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