
L’ex-ministre des Mines et président de l’Union pour la Démocratie et l’Intégration Sociale (UDIS), Hervé Patrick Opiangah, a saisi la Commission africaine des droits de l’homme (CADH) pour, dit-il, faire cesser les » violentes attaques » de l’État contre lui, a fait savoir ses avocats. Le natif de Mounana, région située dans la province du Haut-Ogooué, est » en exil forcé » depuis quatre (4) mois déjà, dans un endroit qui demeure jusqu’à présent inconnu.
Des accusations en guise de sanction ?
Hervé Patrick Opiangah, un homme d’affaires et homme politique, est recherché par les autorités gabonaises depuis le mois de novembre dernier, dans le cadre d’une enquête pénale ouverte pour des soupçons d’inceste sur sa fille Elisabeth. Des accusations que l’homme âgé de 54 ans a toujours rejetées, évoquant des tentatives visant à nuire à sa réputation.
Afin de dénoncer la « cabale judiciaire » dont il serait victime, l’homme a décidé de porter l’affaire devant la CADH. Pour ses proches, il ne fait aucun doute que le chef d’entreprise serait « victime d’harcèlement politique » depuis qu’il a choisi de militer pour le « Non », lors du Référendum constitutionnel organisé le 16 novembre 2024.
Une position qui aurait été la source de la saga judiciaire qui a débuté ces derniers mois. Il faut dire que la désormais « Affaire Opiangah » ne cesse de faire couler beaucoup d’encre et de salive au sein de l’opinion gabonaise, avec la naissance de plusieurs interprétations. L’exil de l’homme d’affaires, au-delà de l’aspect politique, a également un véritable impact social. En effet, Hervé Patrick Opiangah est à la tête d’une entreprise de près de 6.500 salariés, qui aujourd’hui se retrouvent dans une situation financière inquiétante.
Un ami devenu ennemi
Il faut noter qu’après le coup d’État du 30 août 2023, Hervé Patrick Opiangah avait été l’une des personnalités nommées au sein du premier gouvernement de la Transition, notamment en qualité de ministre des Mines, en septembre 2023. Deux mois après, l’homme avait été débarqué de ses fonctions. Dans une sortie sur les réseaux sociaux, à l’occasion d’un live, il avait déclaré, depuis son lieu d’exil, que cette décision de quitter le gouvernement avait été prise par lui-même, avant de l’annoncer au président Oligui Nguema.
Autant d’éléments qui sont venus s’ajouter à la confusion qui règne depuis que les Forces de Défense et de Sécurité, « lourdement armées » et « cagoulées » ont investi son domicile, « sans mandat » dans la nuit du 20 au 21 novembre 2024, comme l’a expliqué la direction l’UDIS lors de leur dernière sortie, tout en dénonçant une « cabale » et une « forfaiture judiciaire ». Aussi, ont-ils ajouté : « sa fille Elisabeth a plusieurs fois démenti les accusations visant son père et refusé de déposer plainte contre lui, malgré l’insistance des autorités qui l’ont placée en garde à vue pendant plusieurs jours pour mieux la convaincre ».
Le silence coupable des institutions gabonaises ?
L’UDIS a précisé que son leader n’a pas manqué d’initier plusieurs démarches auprès d’instances dédiées pour sortir de cette impasse. Ces démarches ont notamment visé la Cour des comptes, tout comme les plaidoyers devant le parlement, le corps diplomatique et la conférence épiscopale. Mais au final, elles sont toutes restées sans effet, selon l’UDIS.
Enfin, le collectif des avocats d’Hervé Patrick Opiangah, représenté par le cabinet Bensimhon, qui a notamment défendu l’opposant béninois Sébastien Avajon, n’a pas manqué de dénoncer « l’utilisation de l’appareil militaire et policier de l’Etat gabonais » contre leur client et le « maintien abusif de procédure judiciaire à son encontre », ce qui lui empêcherait d’obtenir justice devant les juridictions gabonaises.