
Alors que le paysage politique gabonais amorce une profonde mutation, certains visages connus de l’ancienne ère refont surface. C’est notamment le cas de l’ancien porte-parole de la présidence sous Ali Bongo Ondimba, Ike Ngouoni, condamné en 2022 à huit ans de prison ferme pour détournement de fonds publics. Libéré en 2024, son retour progressif dans les cercles politiques soulève déjà des interrogations et commentaires.
Une nouvelle dynamique impulsée dans le paysage politique national ?
Cette résurgence intervient dans un contexte de refonte globale des règles du jeu politique. Le 3 juin dernier, le président de la République, chef du gouvernement, Brice Clotaire Oligui Nguema, a reçu le Comité chargé de rédiger la nouvelle loi sur les partis politiques. Ce texte, très attendu, doit être soumis prochainement à l’examen du Parlement avant son adoption définitive.
L’objectif affiché, moraliser la vie politique, assainir le fonctionnement des formations et renforcer la transparence dans le financement et la gouvernance des partis. Il s’agit d’un tournant historique dans la quête d’un système politique plus sain, plus démocratique et plus représentatif des aspirations citoyennes. Toutefois, certains observateurs et analystes politiques considèrent déjà certains points de ce texte comme étant un obstacle à la volonté de certains compatriotes de se rassembler au sein des mouvements ou rassemblement, selon leur convenance, car désormais les formations politiques devront avoir 18 000 membres, afin de garantir le statut de parti légalement reconnu.
La course aux législatives et locales est lancée
Ce signal fort du chef de l’État est perçu par de nombreux acteurs comme un véritable coup d’envoi. Dans les états-majors, les tractations s’intensifient déjà en vue des prochaines élections législatives et locales. Pour certains, l’heure est à la reconquête ; pour d’autres, à l’émergence.
L’ancien porte-parole, malgré son passé judiciaire peu reluisant, pourrait tenter un retour sur la scène politique à la faveur de ce nouveau contexte, profitant d’un espace en recomposition où les anciens repères sont en train de céder la place à de nouvelles alliances et ambitions.
Entre continuité et rupture
Ce double mouvement de réforme institutionnelle et de retour d’anciens responsables symbolise la complexité du moment politique au pays. Si la Transition s’est inscrite dans une logique de rupture et de refondation, quelques mois après l’élection du président Oligui Nguema, il est clair que désormais, les bords doivent aussi composer avec les réalités du terrain, où certaines figures demeurent influentes malgré les controverses.
Reste à savoir si la future loi encadrera strictement les conditions de participation à la vie politique, notamment pour les personnalités ayant été condamnées. Une chose est certaine : le Gabon entre dans une nouvelle phase, où la crédibilité des partis et la probité de leurs dirigeants seront scrutées de près par une opinion publique de plus en plus exigeante.
À l’horizon de 2026, les enjeux sont clairs : reconstruire la confiance, garantir l’équité du jeu démocratique et donner corps aux promesses de renouveau.