Gabon/Route nationale 2 : des femmes manifestent contre l’abandon des travaux du pont d’Ebel-Abanga en bloquant la voie

Excédées par l’inaction des autorités, les commerçantes de la région de Bifoun ont récemment paralysé la circulation dans cette partie du pays en érigeant des barricades sur le pont d’Ebel-Abanga. Leur objectif : protester contre la lenteur inacceptable des travaux de réhabilitation de la route de la Nationale 2.

En effet, le lundi matin, l’axe routier Bifoun–Ebel Abanga s’est retrouvé totalement bloqué. À l’origine de cette interruption, une mobilisation spontanée mais résolue des femmes commerçantes de cette localité, qui ont dressé des barrages à l’aide de branchages, de pierres et de pneus usés. A côté de ça, un drapeau gabonais flottait en haut du pont d’Ebel-Abanga, symbole de leur action pacifique mais déterminée.

« Trop c’est trop »

Entre Bifoun et Ndjolé, les 56 km de route nationale sont devenus un véritable cauchemar. Malgré des alertes répétées, les travaux de réhabilitation sont à l’arrêt depuis des mois. Résultat : des pertes économiques importantes pour le pays et pour ces femmes dont l’activité dépend de cet axe stratégique.

« Nos produits se perdent, nos véhicules tombent en panne. Et tout ça, dans l’indifférence générale », déplore Odile Ntsame, l’une des porte-paroles. Une autre manifestante n’a pas manqué d’exprimer son désarroi face à cette situation : « on nous fait des promesses depuis des années, mais rien ne change ».

Un chantier financé mais toujours au point mort

Ce blocage relance un débat devenu récurrent : pourquoi les travaux n’avancent-ils pas, malgré des financements clairement identifiés ? Dès les années 2010, l’AFD avait déjà engagé près de 78 milliards de francs CFA pour moderniser l’axe Ndjolé–Medoumane. Plus récemment, le CTRI a intégré la réhabilitation complète de Bifoun–Ndjolé dans son Plan national de développement de la Transition (PNDT), avec un contrat attribué à SOGEA-SATOM. Une avance de 8 milliards a même été versée en avril 2024. Et pourtant, seulement 3 km ont été réhabilités en près d’un an…

Un silence qui alimente la colère

Le problème dépasse les questions budgétaires. Ce qui révolte aujourd’hui les populations, c’est le manque total de transparence. Ni le gouvernement ni l’entreprise en charge du projet n’ont fourni d’explication sur les retards du chantier. Ce silence, qui se veut être officiel, crée ainsi un climat d’abandon, et pousse les citoyennes à agir par elles-mêmes.

Un avertissement à ne pas négliger

Le blocage de la RN2 n’est pas un simple fait divers. C’est le reflet d’un malaise profond : celui d’un pays où les projets financés n’aboutissent pas, où les populations de l’intérieur se sentent toujours délaissées. Cette manifestation est donc un signal fort. Reste à savoir si le gouvernement saura l’entendre avant que la grogne ne s’étende à d’autres régions.

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