
Depuis le 2 juin dernier, une vaste opération de déguerpissement secoue la capitale gabonaise. Officiellement menée dans le cadre des travaux d’aménagement des bassins versants et des projets d’utilités publiques, tels que la construction des cités administratives, cette campagne de démolition sème surtout confusion et inquiétude au sein des populations. Initialement centrée sur Libreville, cette initiative a rapidement dépassé les frontières de la capitale pour toucher une des communes voisines, notamment Owendo. Désormais, des sources concordantes signalent que Port-Gentil, capitale économique du pays et chef-lieu de la province de l’Ogooué-Maritime, serait également concernée.
Le choc est d’autant plus grand que les démolitions interviennent depuis lors dans des délais très courts, au détriment des populations qui tentent malgré tout de réorganiser les familles et protéger leur matériel. Aussi, le manque de communication sur les zones visées laisse-t-il indiquer que chaque Gabonais peut être menacé du jour au lendemain. Résultat de cette initiative, un climat d’incertitude qui plane désormais sur le Grand Libreville. De nombreux habitants, délogés, se retrouvent désemparés, sans solution de relogement immédiate. D’autres, toujours en place, s’interrogent : quels sont les prochains quartiers concernés par les casses ? Y a-t-il encore des zones jugées “sûres” ?
Face à ces interrogations légitimes et cette incertitude, le silence des autorités devient difficilement tenable. Aucune déclaration officielle ne vient préciser jusqu’alors, et ce avec exactitude, les contours réels de cette opération. Ce mutisme nourrit toutes les spéculations. Sur les réseaux sociaux, des listes de quartiers potentiellement menacés circulent ici et là, souvent relayées par des personnes anonymes, augmentant le stress collectif. Si le gouvernement, dirigé par le Président Brice Clotaire Oligui Nguema, n’a pas encore confirmé ni infirmé ces informations, son absence de réaction laisse libre cours à toutes les interprétations possibles.
Pour beaucoup, cette situation illustre un réel déficit de communication institutionnelle. Ce qui ne serait pas un tort de le penser. Car, si l’objectif est d’assainir le tissu urbain et d’aménager durablement l’espace public, encore faut-il que les citoyens soient pleinement informés et associés au processus. Car, aujourd’hui c’est tout le contraire qui semble se produire, font savoir plusieurs compatriotes.
Dans ce contexte tendu, il devient plus qu’urgent pour les autorités gabonaises de clarifier le dossier sur l’opération des déguerpissements, de manière à ce que l’on sache : quelles zones sont effectivement concernées et lesquelles ne le sont pas ? Quelles sont les alternatives prévues pour les populations impactées ? À défaut de répondre à ces interrogations de façon claire et précise, la défiance risque de continuer à s’installer durablement entre l’administration et les citoyens. Car, après Plaine-Orety, Bas de Gué-Gué et Carrefour SNI-Owendo, à qui sera le tour ?