Le 19 novembre 2024, au 1000ᵉ jour de la guerre en Ukraine, un dépôt de munitions situé dans la région russe de Briansk a été frappé par des missiles balistiques ATACMS de fabrication américaine. Ces armes, connues pour leur portée maximale de 300 km, ont été utilisées pour la première fois sur le territoire russe. Bien que cinq des six missiles aient été interceptés par la défense aérienne russe, un incendie s’est déclenché dans l’installation touchée. Cet événement marque un tournant, illustrant l’intensification du conflit et la contribution croissante de Washington à l’effort militaire ukrainien.
Cette offensive intervient après que les États-Unis ont discrètement autorisé l’usage des ATACMS contre des cibles en Russie, un changement stratégique lourd de conséquences. Jusqu’ici, les armes américaines fournies à Kiev étaient limitées à des frappes sur des territoires ukrainiens occupés par Moscou. Bien que cette décision ait été confirmée par des sources anonymes, elle n’a pas encore été officialisée par la Maison-Blanche. Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, a dénoncé une « nouvelle phase de guerre occidentale contre la Russie », promettant une réponse « appropriée ».
L’utilisation des ATACMS illustre les limites des efforts américains pour maintenir une posture prudente dans ce conflit. Ces missiles, bien que classés comme armes à courte portée, permettent à l’Ukraine de viser des cibles stratégiques en profondeur. Cependant, les experts militaires relativisent leur impact potentiel sur le cours de la guerre, soulignant leur disponibilité limitée et les adaptations déjà effectuées par les forces russes face à cette menace.
En parallèle, la Russie a annoncé une révision de sa doctrine nucléaire, élargissant les conditions d’emploi des armes nucléaires. Ce changement, signé par Vladimir Poutine, est présenté comme une réponse directe à l’intensification des frappes ukrainiennes, notamment celles menées avec l’appui occidental. Cette nouvelle doctrine inclut la possibilité de frappes nucléaires préventives en cas d’attaques massives impliquant des États soutenus par des puissances nucléaires, un message adressé directement aux alliés de Kiev.
Sur le terrain, la situation reste difficile pour l’Ukraine. Dans le Donbass, les forces russes continuent de progresser, gagnant près de 500 km² en octobre, un record depuis avril 2022. En parallèle, Moscou mène une campagne de frappes massives contre les infrastructures ukrainiennes, aggravant les défis logistiques à l’approche de l’hiver. Les récentes frappes ont touché des zones aussi éloignées que la Transcarpathie, accentuant la pression sur le système énergétique du pays.
Les perspectives diplomatiques s’assombrissent également avec l’arrivée imminente de Donald Trump à la Maison Blanche. Opposé à une escalade militaire, le président élu a déjà exprimé son intention de négocier avec Moscou, quitte à accepter un statu quo sur la ligne de front. Cette posture pourrait compliquer les ambitions ukrainiennes de récupérer les territoires occupés par la Russie.
Face à ces défis, le président ukrainien Volodymyr Zelensky semble préparer l’opinion à des concessions futures. Pour la première fois, il a évoqué la possibilité que la pleine souveraineté de l’Ukraine ne soit rétablie qu’après un changement de leadership à Moscou. Cette déclaration reflète l’impasse actuelle et la nécessité pour Kiev de trouver un équilibre entre ses ambitions territoriales et les réalités diplomatiques et militaires.