Entre 2021 et 2022, deux gros scandales de corruption ont secoué le milieu judiciaire gabonais. D’où le scepticisme de plusieurs face aux arguments du président du Synamag devant les députés, lundi dernier.
Convoqué lundi dernier par les députés de la Commission des lois, des affaires administratives et des droits de l’Homme, le président du Syndicat national des magistrats (Synamag), Germain Nguema Ella, a donc évoqué les conditions de vie de ces professionnels du droit. Lesquels sont, selon lui, « précaires », et maintenues en l’état par le gouvernement.
Une situation qui justifierait la corruption qui règne dans le milieu judiciaire. En parlant publiquement de ce dossier, le leader syndical a semblé marquer la rupture de « l’idylle entre les magistrats et la corruption ».
À l’évidence, l’opinion se demande si ce divorce peut véritablement tenir. Surtout au regard des deux scandales qui ont éclaboussé cette corporation dernièrement.
Le premier est intervenu dans l’affaire de la divulgation du secret professionnel au niveau de la Direction générale de la documentation et de l’immigration (DGDI). Dossier dont l’actrice principale se nomme Alphonsine Ndembi Tchetchenigbo, une Ouest-Africaine qui se faisait passer pour la conseillère spéciale du chef de l’État auprès de l’ancien coordonnateur général des affaires présidentielles.
Arrêtée le 30 juillet 2021, une perquisition effectuée simultanément à son magasin et à son domicile par les agents de la DGDI chargés de l’enquête aurait permis de récupérer des éléments de preuves accablantes contre les hommes en toge. À savoir, des documents liés à des affaires pendantes en justice que seuls les avocats concernés sont autorisés à consulter au bureau des juges d’instruction en charge de ces dossiers.
Au cours de leur perquisition, les enquêteurs ont obtenu un agenda appartenant à la prévenue et dans lequel seraient mentionnés les noms de certains magistrats et greffiers du parquet de Libreville, selon des sources concordantes. Il y est fait mention des dates, heures et lieux de rencontres, ainsi que des sommes d’argent qu’elle leur remettait pour afin que certains détenus de la prison centrale de Libreville bénéficient de faveurs particulières.
Le deuxième scandale est lié à l’affaire des faux passeports de la DGDI. Là aussi, des malettes d’argent auraient défilé entre les proches des suspects et des magistrats pour tenter d’étouffer l’affaire, sinon d’obtenir la clémence des juridictions compétentes.