
La Belgique a franchi une étape historique hier en devenant le premier pays au monde à accorder un véritable statut professionnel aux travailleuses et travailleurs du sexe. Cette avancée législative découle d’une loi adoptée en mai 2024, qui fait suite à la décriminalisation du travail du sexe en 2022. Désormais, ces personnes bénéficient des mêmes droits que tout autre salarié, avec un accès à la Sécurité sociale, aux congés payés et à une pension de retraite. Cette réforme vise à offrir un cadre légal et une meilleure protection à ces travailleurs.
En obtenant ce nouveau statut, les travailleuses et travailleurs du sexe peuvent aussi accéder à des droits spécifiques. Ils ont par exemple la possibilité de présenter un certificat médical en cas de maladie, garantissant ainsi leur droit à des soins et à une indemnisation. Des mesures particulières concernent également les travailleuses enceintes, qui pourront bénéficier d’un accompagnement adéquat et d’une protection renforcée. Selon Isabelle Jaramillo, coordinatrice de l’Association Espace P, ces nouvelles dispositions marquent une avancée essentielle pour la dignité et le bien-être des personnes exerçant cette activité.
Le renforcement du consentement constitue un autre pilier de la réforme. La nouvelle loi protège les travailleurs du sexe en leur permettant de refuser à tout moment une prestation ou de poser leurs conditions avant toute interaction. Le texte stipule qu’aucun accord préalable ne peut contraindre une personne à accomplir un acte contre son gré. Cette garantie vise à prévenir les abus et à assurer l’autonomie des travailleurs dans leur activité professionnelle.
Par ailleurs, les employeurs du secteur du sexe sont désormais soumis à des obligations strictes. Ils doivent obtenir un agrément officiel et respecter des normes rigoureuses en matière de sécurité et d’hygiène. Parmi ces exigences figurent la fourniture de préservatifs, l’installation de boutons d’urgence et la mise à disposition de chambres conformes aux standards établis. Ces mesures visent à créer un environnement de travail sécurisé et respectueux pour les travailleuses et travailleurs du sexe, tout en responsabilisant les employeurs.
Cependant, cette réforme ne couvre pas toutes les formes de travail du sexe. Les personnes exerçant dans la rue restent sous l’autorité des réglementations communales, souvent répressives. Selon Isabelle Jaramillo, ces politiques locales poussent de nombreuses personnes à se cacher dans la clandestinité, où elles sont davantage exposées à l’exploitation et à la traite humaine. Ce manque d’uniformité dans l’application des droits constitue une limite importante à la pleine réussite de la réforme.
Malgré ces défis, la Belgique ouvre la voie à une meilleure reconnaissance des droits des travailleurs du sexe. En leur offrant un statut légal et des protections renforcées, ce pays donne un exemple d’humanité pour des personne très souvent mal considérées par la société. Les associations appellent toutefois à une coopération accrue avec les autorités locales pour encadrer toutes les formes de travail du sexe et prévenir les dérives. Cette initiative belge pourrait certainement inspirer d’autres nations à aborder cette question complexe avec ambition et justice sociale.