
À Libreville, dans plusieurs quartiers de la capitale gabonaise, l’accès à l’eau constitue depuis plusieurs années déjà un défi majeur pour les populations. En effet, les coupures fréquentes d’eau, parfois prolongées sur plusieurs jours, ont donné naissance à un commerce informel : la revente d’eau par des individus profitant de cette pénurie.
Dans des zones comme Nzeng Ayong, Avéa ou Angondjé, il est courant de voir des camions-citernes ou des vendeurs de bidons d’eau proposer leurs services à des prix souvent inaccessibles pour les familles modestes. « Nous sommes obligés d’acheter un bidon de 20 litres à 500 francs CFA, alors qu’il y a quelques mois, il coûtait la moitié », déplore Chantal, une mère de famille résidant à Angondjé.
En effet, ce phénomène divise l’opinion. Certains y voient une opportunité économique pour des jeunes en quête de revenus, tandis que d’autres dénoncent une exploitation éhontée de la crise d’eau. « Ceux qui contrôlent les camions-citernes s’enrichissent sur notre dos. L’eau est un droit, pas un produit de luxe », s’indigne Pierre, habitant de Lalala.
Cette situation met sans doute en lumière la vétusté des infrastructures de distribution d’eau dans la capitale. Malgré les promesses répétées des autorités pour moderniser le réseau, les coupures persistent, obligeant les habitants à recourir à des solutions privées qui accentuent les inégalités sociales.
Pour résoudre ce problème, les experts appellent à des investissements massifs dans les infrastructures d’eau potable. Par ailleurs, réguler le commerce informel de l’eau pourrait prévenir les abus. La création de points de ravitaillement gratuits dans les zones les plus touchées, associée à une sensibilisation sur la gestion rationnelle de l’eau, constitue une piste immédiate pour soulager les populations.
Le trafic d’eau potable à Libreville illustre les défis structurels auxquels la ville est confrontée. Au-delà d’un simple problème logistique, cette situation pose des questions d’équité et de respect des droits fondamentaux. Une réponse rapide, inclusive et durable des autorités est attendue pour garantir à tous un accès digne à cette ressource essentielle.