
Alors même que le pays se remet peu à peu de la nouvelle de la « libération provisoire » de Sylvie Valentin et de son fils Noureddin Bongo Ondimba, suivie de leur départ » en exil » vers l’Angola avec l’ex-président Ali Bongo Ondimba, les premières protestations commencent à se faire entendre dans la capitale gabonaise mais aussi au-delà. C’est dans ce contexte que l’Association Réconciliation, sous la houlette de sa présidente Aïcha Elodine Tsoumbou, a organisé, ce jour, une manifestation symbolique devant le ministère de la Justice, Garde des Sceaux. L’objectif de cette mobilisation : dénoncer vigoureusement la décision de justice ayant conduit à la mise en liberté provisoire de Sylvie Valentin et de son fils Noureddin Bongo Ondimba.
Ce mouvement citoyen, qui milite activement pour l’opérationnalisation de la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation, s’est dit profondément « désolé » et « indigné » par cette décision judiciaire. Les militants de l’association, parmi lesquels figurent plusieurs victimes des violences post-électorales de 2016, estiment que cette libération provisoire va à l’encontre des principes de justice et de réparation qu’ils appellent de tous leurs vœux.
Pour rappel, lors d’un point de presse, tenu le vendredi 16 mai dernier, le procureur général près la Cour d’appel de Libreville, Eddy Minang, avait expliqué que cette mesure avait été prise « pour des raisons médicales » et se fondait sur les articles 132 et 143 du Code de procédure pénale. Il avait également insisté sur le fait que : « la liberté est le principe et la détention, l’exception », précisant que cette libération ne mettait nullement fin à la procédure judiciaire en cours, laquelle se poursuivrait « jusqu’à la tenue d’un procès juste, transparent, équitable et dans les délais raisonnables ».
Cependant, ces explications n’ont pas apaisé les esprits. Bien au contraire, elles ont contribué à renforcer un climat de confusion, surtout après la diffusion d’images de l’ancien président Ali Bongo Ondimba et de sa famille en Angola, pays dont les autorités ont évoqué un « exil» dans un communiqué officiel. Une version qui contraste fortement avec celle avancée par les autorités gabonaises, qui parlent de simple « liberté provisoire ».
L’association Réconciliation dénonce ces contradictions et y voit un manque de clarté qui nuit gravement à la crédibilité du processus judiciaire et à la quête de vérité portée par les victimes de 2016. Par cette action de protestation, elle entend rappeler l’urgence de mettre en place la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation, seule voie, selon elle, pour restaurer la confiance des citoyens dans les Institutions et garantir une justice équitable pour tous.
Aïcha Elodine Tsoumbou a réaffirmé, au nom de l’association, que la lutte pour la vérité et la reconnaissance des souffrances subies ne saurait être reléguée au second plan. « Il ne peut y avoir de réconciliation véritable sans justice sincère », a-t-elle déclaré en marge de la manifestation.