Litige foncier à Angondjé Château : un drame révélateur des failles du système

Le quartier Angondjé Château, situé dans la commune d’Akanda, est actuellement le théâtre d’un conflit foncier majeur qui illustre les dysfonctionnements chroniques de la gestion foncière au Gabon. Nzue Edou Patrick Patricia, un citoyen gabonais qui occupait un terrain depuis 17 ans déjà, a vu sa maison détruite et sa famille expulsée, de manière violente, par les forces de l’ordre. Ce drame découle d’un litige l’opposant à Mahamadou Fofana, un ressortissant malien revendiquant les lieux comme étant sa propriété.

Selon des témoignages recueillis sur place, l’expulsion se serait déroulée dans des conditions particulièrement brutales. La famille de Nzue Edou aurait été violentée et laissée sans abri, suscitant une vague d’indignations dans la communauté locale. Ce dernier affirme qu’aucun jugement définitif ne justifiait cette opération et qu’il n’a reçu aucune notification préalable. Ces éléments soulèvent des doutes sur la légalité de l’intervention, pointant vers un possible abus de pouvoir orchestré au profit d’intérêts privés.

Ce litige met en lumière les failles systémiques du secteur foncier au Gabon, marqué par des pratiques de corruption, des décisions arbitraires et des conflits d’intérêts. Nombreux sont les Gabonais qui, comme Nzue Edou, perdent leurs biens face à des adversaires bénéficiant de soutiens influents. Ces évènements mettent également en évidence l’incapacité des autorités à protéger les citoyens face à ces injustices, minant ainsi la confiance du public envers les Institutions.

La dimension politique de l’affaire ne passe pas inaperçue. L’intervention de Mahamadou Fofana, à l’heure où la directive présidentielle interdisant la vente de terres aux étrangers est désormais sur toutes les lèvres, et fait débat. Car, le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a récemment affirmé dans son discours du 8 septembre 2023, sa volonté de préserver le patrimoine foncier national en stipulant dans la charte de Transition, chapitre 3, à l’article 28, que : « la vente des terres aux non nationaux est interdite en République Gabonaise ». Cependant, si Fofana a acquis ce terrain avant l’entrée en vigueur de cette interdiction, la situation devrait dans ce cas être clarifiée dans la mesure où il n’a encore présenté, à la victime, aucun document faisant de lui le propriétaire légitime dudit terrain.

Cet incident souligne l’importance de restaurer véritablement les Institutions du pays et de garantir les droits fondamentaux des citoyens Gabonais. C’est dans ce sens que le gouvernement de la Transition s’est engagé à réformer la gestion des affaires publiques y compris le secteur foncier. Toutefois, cette affaire met en lumière les résistances au changement et les lacunes persistantes de notre système foncier. Une enquête indépendante est donc indispensable pour clarifier les responsabilités, sanctionner les abus éventuels, et prévenir la répétition de tels drames.

Pour Nzue Edou et sa famille, ce conflit est loin d’être terminé. Ce litige appelle ainsi les plus hautes autorités de l’Etat à agir de manière concrète pour trouver des mécanismes de résolution efficiente pour ce genre de différend, tout en mettant en œuvre des solutions durables et justes. Ce qui pourrait redonner espoir à une population en quête d’égalité, de justice et de dignité.

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