La Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG) est confrontée à un phénomène inquiétant : la fraude sur ses réseaux de distribution d’eau et d’électricité. Selon son Directeur général, interrogé par L’Union, cette pratique, désormais « généralisée », affecte lourdement la trésorerie de l’entreprise et compromet la qualité du service rendu aux usagers:
« La fraude constitue aujourd’hui un défi majeur pour la SEEG, tant sur le plan financier que sur celui de la qualité du service », a déclaré le patron de la société.
Des pertes estimées entre 30 et 40 milliards de FCFA par an
Branchements illégaux, manipulations de compteurs, raccordements non déclarés : les méthodes de fraude sont multiples et concernent toutes les couches sociales, des particuliers aux entreprises.
Le constat est alarmant : « Plusieurs milliards de FCFA, entre 30 et 40 milliards, sont perdus chaque année en recettes non perçues à cause de la fraude », révèle le Directeur général.
Dans le Grand Libreville, la seule fraude à l’électricité représenterait plus de 2 milliards de FCFA par mois, selon certaines estimations.
Des conséquences directes sur le service
Ces pertes financières privent la SEEG de ressources essentielles pour entretenir et moderniser ses infrastructures. Résultat : les coupures, les baisses de tension et les perturbations s’enchaînent, impactant l’ensemble des usagers.
« Plus les fraudes augmentent, plus les charges pèsent sur un nombre réduit de clients réguliers », explique le Directeur général, qui y voit « un déséquilibre économique préjudiciable à tous ».
Les chiffres sont éloquents : plus de 25 % de l’énergie injectée dans le réseau électrique est perdue à cause de la fraude et des pertes techniques, tandis que 30 % du parc de compteurs serait concerné.
Lors d’une opération de contrôle menée en 2024 sur 780 branchements dans le Grand Libreville, 209 installations frauduleuses ont été détectées en seulement trois jours.
Une riposte renforcée
Face à cette situation, la SEEG a décidé de passer à l’action. Les équipes de contrôle ont été renforcées, les opérations de régularisation se multiplient, et une vaste campagne de sensibilisation est en cours pour inciter les citoyens à adopter des comportements responsables. « La lutte contre la fraude constitue un enjeu crucial pour la pérennité financière et la performance opérationnelle de la SEEG », souligne le Directeur général, appelant à une mobilisation collective.
Un appel à la responsabilité partagée
La direction de la SEEG plaide pour une action concertée impliquant l’État, les collectivités locales et les citoyens: « Seule une démarche intégrée et partenariale, reposant sur la coopération, la transparence et la responsabilisation de chacun permettra de combattre efficacement ce fléau », conclut le DG.
Entre pertes économiques, risques techniques et tensions sur la qualité du service, la fraude sur les réseaux d’eau et d’électricité s’impose comme un défi national. La SEEG entend y faire face, mais elle ne pourra y parvenir seule.

