Mba Ntem : ce n’était qu’un poisson d’avril !

Alors qu’une rumeur l’annonce libre depuis quelques jours, suite à la grâce présidentielle accordée à 562 détenus du pénitencier de Libreville, des voix autorisées au niveau de la justice assurent qu’il n’en est rien.

Non, le Comité pour la transition et la restauration des institutions n’a pas mis fin au calvaire de Théophile Mba Ntem. Hier, des informations ont circulé sur la toile, annonçant que le plus ancien prisonnier du Gabon a aussi bénéficié de la grâce présidentielle accordée par le général Brice Clotaire Oligui Nguema.

Ces informations indiquaient en effet que, dimanche dernier, il figurait parmi les 562 détenus libérés du pénitencier de Libreville. Ce n’était pourtant qu’un poisson d’avril. Tout en se marrant, des sources judiciaires battent en brèche cette nouvelle.

Agé aujourd’hui de 74 ans (il est né en 1950), Théophile Mba Ntem a déjà passé 36 ans derrière les barreaux. C’est en effet courant mai-juin 1988 qu’il avait été incarcéré à la grande maison d’arrêt de la capitale gabonaise pour des faits de cannibalisme, entre autres.

Son placement sous mandat de dépôt avait d’ailleurs suscité de nombreuses réactions, notamment en raison de la photo de lui publiée à la Une du journal L’UNION, le montrant avec un couteau entre les dents. Et une affirmation qui serait la sienne : « J’ai déjà mangé six personnes. »

Mécanicien de ligne, conducteur de tout engin sur rail et praticien de la médecine traditionnelle, Théophile Mba Ntem avait été interpellé en 1988 après avoir été accusé de d’anthropophagie dans son temple situé à Akournam, à Owendo. Il n’avait que 38 ans. L’année suivante, il est condamné lors de l’audience criminelle à la peine de mort, après avoir été reconnu coupable de meurtre.

Alors qu’il espérait bénéficier de la mesure portant abolition de la peine de mort décidée par Omar Bongo Ondimba lors du conseil des ministres du 13 septembre 2007, il verra son délit transformé en réclusion criminelle à perpétuité, conformément à la loi n°3/2010 du 15 février 2010 portant abolition de la peine de mort en République gabonaise promulguée en 2010.

Théophile Mba Ntem doit donc rester en prison, en lien avec ce changement, seule une grâce présidentielle ou une amnistie peut permettre la mise en liberté d’une personne condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité. Tout comme une libération conditionnelle ou une réhabilitation avant d’avoir accompli 30 ans d’emprisonnement au moins.

Ses ennuis judiciaires ont en fait commencé avec la disparition d’André Ondo Ndong, alors enseignant d’anglais au lycée d’Oyem, venu se faire soigner à Libreville dans sa « clinique » à Owendo. La recherche de cet enseignant par ses parents conduit l’un d’entre eux au temple de Mba Ntem. La garde rapprochée de celui-ci se montre arrogante alors que le gourou du temple soutient que le patient recherché est reparti à Oyem, d’où revenait pourtant celui qui le cherchait.

Alertée, la brigade de gendarmerie d’Owendo rapplique. Mba Ntem reste formel quant à son alibi. On est le 18 juin 1988. Mais questionné par hasard, un bambin hébergé au temple laisse entendre qu’André Ondo Ndong a été ligoté, tué puis jeté.

Sur la base de ce témoignage, les gendarmes finissent par mettre aux arrêts la bande à Mba Ntem, après une vive bagarre entre les deux camps. Durant la garde à vue pour interrogatoire, ils reconnaissent les faits et l’un d’eux fini par conduire les agents sur un lieu où le corps de l’enseignant est retrouvé en putréfaction. La suite, on la connaît : le cannibale va être écroué à la prison centrale de Libreville.

L’arrivée du CTRI à la tête du Gabon en fin août 2023 lui a vraisemblablement donné des raisons de croire en sa libération. Surtout après le discours du président de la République prononcé le 31 décembre de l’année dernière, dans lequel Brice Clotaire Oligui Nguema annonce la grâce pour 1000 taulards. Sauf que Théophile Mba Ntem n’est pas parmi les bénéficiaires de cette mesure présidentielle.

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