La rencontre tenue il y a quelques jours au Palais des sports de Libreville entre la Ligue nationale de football professionnel (Linafp) et l’Association des clubs de première et deuxième divisions a offert bien plus qu’un calendrier : elle a mis en lumière les fragilités persistantes qui menacent, une fois encore, l’avenir du football professionnel gabonais. Si la reprise des National-Foot 1 et 2 constituait le cœur des discussions, les acteurs ont surtout dessiné les contours d’un système en quête de fondations solides. Trois décisions majeures émergent, mais elles traduisent surtout l’ampleur des incertitudes.
La saison 2025-2026 devrait s’ouvrir le 24 janvier pour s’achever le 7 juin. Une fenêtre courte, calée juste avant la Coupe du monde 2026 qui débutera le 14 juin. Mais les clubs ont demandé un délai supplémentaire : le 15 décembre 2025 sera la date butoir pour juger de la faisabilité réelle de cette programmation.
En substance, la réunion a confirmé qu’une saison blanche reste une option plausible. Le long tunnel de l’intersaison, l’absence de visibilité financière et l’opacité persistante autour de la subvention de l’État maintiennent le football gabonais dans une stagnation préoccupante, aux dires des analystes et autres experts du domaine.
L’an dernier, la Linafp avait pu s’appuyer sur les engagements RSE des compagnies pétrolières, à travers des fortes contributions. Un soutien exceptionnel qui ne devrait pas être reconduit, à l’approche de la clôture de l’exercice annuel. Sans l’injection de cette manne financière, qui était pour le coup une bouffée d’oxygène, les clubs se retrouvent au pied du mur.
L’autre angle mort du dossier reste la situation administrative et structurelle des clubs. La Linafp paie aujourd’hui le prix de tolérances accumulées envers des formations qui, pour la plupart, n’ont jamais satisfait l’intégralité du cahier des charges du professionnalisme : licences, structures juridiques, personnels qualifiés, espaces d’entraînement… les manquements sont multiples.
À cela s’ajoutent des retards chroniques de régularisation, rendant le championnat difficilement crédible aux yeux de potentiels partenaires.
Dans de telles conditions, comment attirer de nouveaux sponsors et de partenaires, ou même sécuriser un naming du National-Foot 1 ? Sans garantie institutionnelle, sans stabilité et sans produits marketing solides, le football gabonais peine à convaincre. Et chaque saison avortée renforce la défiance du secteur privé.
Au cœur de ces incertitudes, les joueurs et les encadreurs techniques restent les grands lésés. Privés d’activités, de revenus réguliers et de perspectives, ils assistent impuissants à un feuilleton qui se répète d’année en année. La réunion de vendredi n’a pas dissipé leurs inquiétudes, même si des discussions sont attendues entre la Linafp, la Fédération gabonaise de football et le ministère des Sports.
Plus que des dates, la reprise des championnats dépendra désormais de la capacité des acteurs à poser les bases d’un football véritablement professionnel : financement pérenne, mise à niveau des clubs, gouvernance claire et attractivité commerciale.
À quelques semaines de la date butoir du 15 décembre, le football gabonais se retrouve encore devant une évidence : aucune saison ne pourra renaître sur des fondations fragiles. Et c’est désormais l’ensemble de l’écosystème qui risque de s’enliser davantage.

