
Dans une note publiée récemment, le directeur d’académie du Woleu-Ntem, Luc-Constant Megne, a invité les enseignants à résider à proximité de leur lieu d’affectation. Cet appel vise à réduire les retards dans l’exécution des programmes scolaires dus en grande partie aux déplacements prolongés ou aux retards répétés des enseignants aux heures de cours. Si la démarche paraît logique sur le papier, elle soulève toutefois des questions cruciales liées à l’hébergement et aux infrastructures dans cette région du Gabon.
Le Woleu-Ntem, bien que riche en ressources naturelles, demeure l’une des provinces où le manque d’infrastructures de base se pose avec acuité. En effet, beaucoup d’enseignants affectés dans des zones rurales se retrouvent confrontés à une absence de logements ou à des conditions d’habitat précaires. De ce fait, plusieurs sont contraints de vivre à des kilomètres de leur lieu d’affectation et de faire des trajets longs et coûteux pour rejoindre l’établissement scolaire. C’est en cela que l’appel du directeur d’académie semble ignorer ces réalités.
Pour les enseignants, cette recommandation suscite incompréhension et frustration. « On ne peut pas nous demander de vivre là où nous travaillons si les moyens nécessaires ne sont pas mis en place », s’indigne un professeur de lycée, affecté dans une zone enclavée.
Beaucoup estiment que l’État devrait d’abord investir dans la construction ou la réhabilitation de logements de fonction pour encourager les enseignants à s’installer près des établissements scolaires. Car, les conséquences de ce problème d’hébergement ne se limitent pas qu’aux enseignants. Elles impactent également les élèves, qui sont les principales victimes des retards dans les programmes scolaires. Les absences répétées des enseignants dues aux longs trajets affectent la qualité de l’enseignement dispensé. Dans un tel contexte, le risque d’un creusement des inégalités éducatives est bien réel.
Pour remédier à cette situation, il est impératif que les responsables administratifs locaux et les plus hautes autorités de l’Etat prennent des mesures concrètes. Car, l’aménagement de logements pour le personnel enseignant, des primes de localisation pour les zones reculées, ainsi qu’une meilleure planification des affectations pourraient constituer des solutions efficaces. En attendant, l’appel du directeur d’académie, bien que pertinent sur le fond, semble prématuré en l’absence de solutions concrètes aux défis d’hébergement auxquels font face les enseignants.