Rudain-Frayse OKANA 
Hier mardi 7 octobre, devant le gouvernorat de l’Ogooué-Maritime, l’image a marqué les esprits, à savoir : une assiette vide, posée à même le sol, au premier rang d’un sit-in improvisé. Autour, des dizaines d’agents de la Main-d’œuvre non permanente (MONP). Certains assis, d’autres allongés sur des morceaux de tissu. Plus qu’un simple mouvement de contestation, cette mise en scène symbolique résume la détresse sociale de ces travailleurs de l’administration provinciale.
Suspendu depuis mars dernier, leur mouvement de grève a repris dans la capitale économique gabonaise, Port-Gentil, et dans plusieurs autres capitales provinciales du pays. Morceau choisi par les grévistes : des revendications, pourtant anciennes, mais toujours non satisfaites. Il s’agit en toile de fond de l’intégration à la fonction publique, la revalorisation des salaires, et surtout l’apurement des cotisations sociales dues à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), figurent parmi les principales doléances, entre autres.
« Le vice-président de la République avait promis des solutions, il y a six mois. Depuis là, c’est devenu silence radio », déplore Armelle Mavoungou, l’une des grévistes. L’attente devient insoutenable pour ces agents qui, pour certains, cumulent jusqu’à trois décennies de services rendus sans véritable reconnaissance statutaire.
Avec un salaire de base arrêté à 80 000 francs CFA et une prime de logement de 18 000 francs CFA, difficile de faire face au coût de la vie, surtout que la ville de Port-Gentil reste l’une des plus chères du pays en termes de pouvoir d’achat pour les ménages : « On se demande quel type de logement on peut espérer avec une telle prime », s’indigne un autre manifestant.
Dans ce contexte, l’assiette vide posée au sol prend tout son sens dans la mesure où elle interpelle, suscite l’empathie des passants et incarne la précarité quotidienne de ces pères et mères de famille. Car, au-delà des slogans et des discours, ce sont des vies entières qui basculent dans l’incertitude.
