
À quelques semaines de la Présidentielle du 12 avril 2025, la course vers le Palais du bord de mer prend une tournure inattendue. L’Autorité pour la Protection des Données Personnelles et de la Vie Privée (APDPVP) vient de convoquer les quatre candidats en lice pour une mise au point capitale, à savoir : respecter les données personnelles des citoyens.
Dans un communiqué officiel tombé ce 11 mars, l’APDPVP ne laisse aucune place au doute : Alain-Claude Bilie-By-Nze, Joseph Lapensée Essigonne, Stéphane Germain Iloko Boussengui et Brice Clotaire Oligui Nguema, ainsi que cinq membres de chacune de leurs équipes, devront se présenter les 13 et 14 mars au siège de l’Autorité à Kalikak.
Au programme : signature obligatoire d’une déclaration simplifiée de conformité, engagement formel à respecter la loi n°025/2023 sur la Protection des données à caractère personnel, adoptée en juillet dernier. Autrement dit, fini les fichiers d’électeurs utilisés à tort et à travers pour du démarchage politique sauvage.
Derrière cette convocation se cache la toute nouvelle norme simplifiée 004/2025, un texte qui impose un cadre strict à l’utilisation des données personnelles dans les campagnes politiques. Désormais, impossible de collecter, manipuler ou exploiter les informations des électeurs sans respecter les règles.
Et pour cause : à l’heure où les smartphones et réseaux sociaux battent leur plein, les électeurs sont souvent ciblés sans leur consentement. « Protéger la vie privée des citoyens, c’est aussi protéger la démocratie », rappelle une source proche de l’Autorité.
En agissant ainsi, l’APDPVP veut poser les bases d’un scrutin plus propre, plus transparent. Cette convocation n’est pas qu’un simple rappel à l’ordre, c’est un avertissement : quiconque franchira la ligne rouge s’exposera à des sanctions.
C’est aussi un test grandeur nature pour les candidats : vont-ils respecter cette nouvelle donne ou chercher à la contourner ? Leur attitude à Kalikak en dira long sur leur conception de la démocratie et leur volonté réelle de respecter les droits des électeurs.
Pour la première fois dans l’histoire électorale du Gabon, la question des données personnelles s’invite au cœur du débat. Un signal fort, alors que la confiance envers les institutions et le processus électoral reste fragile.
En plaçant la protection de la vie privée au centre des enjeux, l’APDPVP ouvre la voie à un scrutin où les électeurs ne sont plus de simples cibles de communication, mais des citoyens respectés dans leurs droits. Reste à voir si les candidats joueront le jeu.