Prison centrale : Ballack Obame indésirable ?

Depuis l’année dernière, cet ancien prisonnier est interdit de rendre visite à des proches encore en détention au pénitencier de Libreville.

Un ex-pensionnaire de la grande maison d’arrêt de Libreville à qui l’on y refuse l’accès : c’est l’histoire de Ballack Obame. Le jeudi dernier voulait, selon des sources sûres, rendre visite à ses anciens co-détenus, mais il n’a pas été autorisé à accéder au pénitencier de la capitale gabonaise.

Ballack Obame avait été incarcéré le 7 février 2018, donc sous le régime déchu le 30 août 2023, pour « complicité d’atteinte à la sûreté de l’État » avec le lieutenant Kelly Ondo Obiang et compagnie. La chambre d’accusation avait finalement requalifié le crime d’atteinte à la sûreté de l’État en délits de « propagation à trouble à l’ordre public et incitation à la révolte contre l’autorité de l’État ».

Jugé le 23 juillet 2021, il avait été condamné à 2 ans et 7 mois d’emprisonnement ferme. Une sanction pénale qui couvrait ainsi la durée de la détention préventive, et donc actait de facto sa mise en liberté.

Depuis sa libération de prison, il allait régulièrement rendre visite à ses anciens co-détenus, en leur apportant des provisions, apprend-on. «Mais depuis le début d’année 2023, chaque fois qu’il se rendait à la prison, il lui était désormais impossible de rendre visite à un seul de ses amis. Systématiquement, les agents de la sécurité pénitentiaire lui disaient de repasser une autre fois», selon nos informateurs.

Personne ne saurait dire ce que redouteraient les matons. Toujours est-il que le dimanche 14 avril 2024, Ballack Obame a encore décidé d’aller rendre visite à son ancien co-détenu Kelly Ondo Obiang. Après avoir rempli les formalités administratives, à savoir la présentation de sa pièce d’identité, son identification au poste de police, le paiement du permis de communiquer qui est à 500 FCFA, il aurait d’abord passé plus de 2 heures d’attente.

Puis, un agent de la sécurité pénitentiaire serait venu lui signifier son impossibilité de communiquer avec son proche. Il est alors éconduit de la prison, accompagné par plusieurs agents pénitentiaires armés jusqu’au portail.

Un geste qui suscite des interrogations, notamment celle de savoir comment peut-on refuser l’accès à la prison à un visiteur possédant pourtant un permis de visite dûment établi. Ces agents auraient-ils agi sur ordre des responsables de l’administration pénitentiaire ? Ou serait-ce un excès de zèle de leur part ?

À ce qu’il semble, les pratiques du système déchu continuent de prospérer en cette période de transition, dans un certain nombre d’administrations. Certaines gens ne manquent pas de dénoncer l’administration pénitentiaire qui semblerait avoir du mal à se détacher des vieilles pratiques qui portent atteintes aux droits humains en milieu carcéral.

Cela, en dépit de ce que le droit de visite en milieu carcéral est protégé par la Déclaration de Kampala en Ouganda sur les conditions de détention, mais aussi la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples et les Règles Nelson Mandela pour les traitements des détenus.

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