Procès de l’affaire Michaëlla Ngoua : un verdict controversé qui interpelle ?

Le verdict du procès de l’affaire Michaëlla Dorothée Ngoua, qui a tenu en haleine le public gabonais, a été finalement rendu hier en soirée. Siadous Erwan, reconnu coupable de viol avec violence et de meurtre, a été condamné à 10 ans de prison et au paiement de 50 millions de francs CFA de dommages et intérêts. Quant à Nounamo Anderson, il a été acquitté de l’accusation de meurtre sur la jeune fille et son mandat de dépôt levé. Si cette décision met un terme à la procédure judiciaire entamée par la famille de la victime, elle soulève néanmoins des questions quant à la justice rendue au nom du peuple gabonais dans cette affaire très suivie par l’opinion.

D’abord, la condamnation de Siadous Erwan semble insuffisante aux yeux de bon nombre de Gabonais. Dix années de réclusion, pour des crimes aussi ignobles (viol et meurtre), apparaissent dérisoires au regard de l’ampleur des actes commis. En effet, beaucoup estiment que cette peine ne reflète ni la gravité des faits ni l’impact traumatique subi par la famille et les proches de la victime. Cette clémence apparente interpelle sur la dureté de la loi en cours dans les mécanismes judiciaires au Gabon s’agissant des affaires de violences sexuelles et de féminicides.

Puis, l’acquittement de Nounamo Anderson suscite de vives réactions. Si le tribunal a estimé qu’il n’y avait pas de preuves suffisantes pour le condamner, certains compatriotes pensent que cette décision pourrait symboliser un manque de rigueur dans l’instruction du dossier. Car, le risque de voir une partie de la vérité rester enfouie inquiète bon nombre de citoyens.

Par ailleurs, l’autre aspect particulièrement préoccupant dans cette affaire est l’absence de Siadous Erwan sur le territoire national au moment du procès. Un flou qui nourrit un sentiment d’injustice et pousse à s’interroger sur la capacité des autorités judiciaires à faire respecter la décision de condamnation prononcée à son encontre. Comment peut-on être rassuré que la justice sera pleinement rendue si le coupable ne purge pas sa peine au Gabon ?

Dans ce contexte, il est plus qu’urgent pour l’État gabonais de prendre ses responsabilités dans cette affaire. La question du rapatriement de Siadous Erwan au Gabon doit être une priorité absolue, au vu de l’engouement suscité par ce procès. Non seulement cela permettrait de rassurer les citoyens sur le bon fonctionnement de la justice gabonaise, mais aussi sur les allégations de troubles de santé mentale que présenterait le condamné, à en croire son avocat. Car, le silence ou l’inaction des autorités enverrait aux populations un message sur le bon fonctionnement du système judiciaire du pays, à l’heure où l’on parle de restauration des Institutions.

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