Suspension du bureau du Synamm : entre devoir de gouvernance et respect de l’indépendance syndicale

La récente suspension du bureau du Syndicat national des agents de la Marine marchande (Synamm) par le directeur général de cette administration, Jean Cruz Lessagui, suscite de vives réactions. Ce dernier a justifié cette décision en invoquant son rôle à la tête de l’institution, estimant qu’elle relevait de ses prérogatives administratives. Selon ses déclarations, cette mesure s’inscrit dans une logique de renouveau, visant notamment à convoquer des élections pour constituer un nouveau bureau.

La décision de suspendre le Synamm a rapidement été dénoncée par les membres de ce syndicat, qui perçoivent cette décision comme une ingérence directe dans ses affaires internes. En effet, les responsables syndicaux soulignent que cette suspension contrevient aux principes fondamentaux de la liberté syndicale, qui garantit aux organisations syndicales une indépendance totale dans leur fonctionnement. Pour eux, la légitimité d’un bureau syndical ne peut être contestée ou remise en cause que par ses membres, selon des règles définies par leurs statuts internes.

Cette situation met en lumière une question récurrente au Gabon : celle des relations entre les autorités administratives et les syndicats. Bien que l’État joue un rôle important dans le maintien de l’ordre institutionnel, il est tout aussi essentiel de préserver un dialogue équilibré et respectueux avec les structures syndicales, en tenant compte des droits fondamentaux qu’elles incarnent. L’enjeu dépasse le cadre du Synamm, interrogeant le cadre législatif qui encadre les rapports entre pouvoirs publics et organisations syndicales.

Jean Cruz Lessagui a défendu ainsi sa démarche comme étant une tentative de restaurer la confiance et la transparence dans la gestion des affaires du Synamm. Néanmoins, les syndicats, y compris le Synamm, rappellent qu’un équilibre est nécessaire pour éviter toute dérive autoritaire. L’indépendance syndicale, inscrite dans la Constitution gabonaise et soutenue par diverses conventions internationales, reste une pierre angulaire du dialogue social dans le pays.

De nombreux observateurs craignent que cette crise ne s’aggrave et ne fragilise davantage un secteur déjà en proie à de nombreux défis. La Marine marchande joue donc un rôle stratégique dans l’économie nationale et des tensions prolongées entre ses principaux acteurs pourraient perturber son fonctionnement. Les partenaires sociaux appellent donc à une solution concertée et apaisée, basée sur la concertation et le respect des prérogatives de chacun.

Dans ce contexte, il apparaît crucial que des mécanismes clairs soient mis en place pour prévenir ce type de conflits. Ces mécanismes doivent promouvoir une meilleure compréhension des rôles respectifs des autorités publiques et des syndicats, tout en garantissant la liberté d’action des structures syndicales. Cette approche pourrait permettre de rétablir un climat de confiance et de sérénité dans le secteur.

La suspension du bureau du Synamm reflète un défi important pour les acteurs du dialogue social au Gabon. En s’appuyant sur des principes de respect mutuel et de gouvernance éclairée, cette crise pourrait être une opportunité de réinventer les rapports entre les Institutions publiques et les Syndicats. L’objectif ultime doit rester le bien-être des travailleurs et l’efficacité des structures administratives et économiques du pays.

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