En se rendant ce samedi 29 novembre à la Mosquée bleue d’Istanbul, le Pape Léon XIV a offert un nouveau chapitre aux relations entre le Vatican et le monde musulman. Bien que dépourvue de moment de recueillement, contrairement à la visite de son prédécesseur François, cette étape a suscité une lecture politique et symbolique bien plus profonde que le déroulé protocolaire ne le laisse paraître.
Le souverain pontife a parcouru les allées de la Mosquée bleue, chef-d’œuvre ottoman et symbole majeur d’Istanbul. Accompagné d’explications historiques sur ce monument emblématique, Léon XIV a privilégié une approche pédagogique et culturelle, là où son devancier avait voulu marquer un moment spirituel interreligieux.
Cette différence n’est pas passée inaperçue. Pour le Vatican, il s’agissait d’une démarche de « respect et d’écoute », réalisée dans un climat de sobriété. Pour certains observateurs, ce choix traduit la volonté du Pape de s’affirmer dans un contexte où chaque geste est interprété à l’aune des équilibres géopolitiques entre l’Occident, l’Islam et la Turquie d’Erdogan.
En revanche, Léon XIV n’a pas traversé les 300 mètres qui séparent la Mosquée bleue de Sainte-Sophie. L’ancienne basilique byzantine, devenue musée puis reconvertie en mosquée en 2020 par Recep Tayyip Erdogan, reste au cœur d’une tension symbolique mondiale.
Le Pape François s’était dit « très affligé » de cette transformation. Léon XIV, lui, a tout simplement choisi de ne pas s’y rendre, une décision interprétée tantôt comme prudence diplomatique, tantôt comme marque de désaccord silencieux.
À l’extérieur, malgré un froid persistant et un ciel menaçant, une petite foule composée principalement de touristes s’est rassemblée pour apercevoir le convoi papal. Un accueil modeste mais chaleureux, signe que l’événement ne passe pas inaperçu dans une ville où se côtoient, depuis des siècles, héritages chrétiens, byzantins et ottomans.

