Université des sciences de la santé : ce grand corps malade

Entre le déficit d’enseignants, d’infrastructures, et la baisse du budget d’environ 64%, l’USS connaît des difficultés qui pourraient la faire «plonger» si rien n’y est fait, a averti son recteur, le professeur Jean-Bruno Bouguikouma

Si l’Université Omar Bongo (UOB) est plus souvent mise à l’index pour ses insuffisances, beaucoup ont découvert, à la faveur de l’émission «Les Grands dossiers» diffusée dimanche dernier sur Gabon Télévisions, que l’université des sciences de la santé (USS) est tout aussi en difficulté. Elle connaît plusieurs manquements qui sont généralement cachés par le respect du calendrier académique au sein de cet établissement, et par la qualité des enseignements qui y sont dispensés.

Evoquant ce chapelet de problèmes, le recteur de l’USS, le Pr Jean-Bruno Bouguikouma, a d’abord souligné la faiblesse du nombre d’enseignants, avec 141 permanents, pour près de 6 mille étudiants. «C’est terriblement insuffisant ! Nous sommes obligés de faire venir environ 26 vacataires pour terminer les enseignements, et cela nous revient très cher», a-t-il déploré. Une situation qui pourrait d’ailleurs faire «plonger» l’USS à la longue. «Nous avons 14 spécialités médicales après le doctorat, qui ont besoin d’enseignants titulaires pour les diriger. Or, il s’avère que nous ne sommes que 12 titulaires, pratiquement tous à la retraite (…) D’un moment à l’autre, si nous quittons la Fonction publique, les 14 spécialités vont tomber, et l’USS va plonger», a alerté le responsable académique.

A ces carences s’ajoute la dépréciation du budget de l’USS au cours des dernières années. «En 20I4, le budget de l’USS était de 2,5 milliards FCFA. Il a été réduit de 64%, pour ne le gérer qu’à 960 millions au cours des 6 dernières années (…) Que pouvez-vous faire avec ? Ce budget n’arrive d’ailleurs jamais à temps. Il est saucissonné en petites tranches que l’on nous donne à des intervalles irréguliers. 30% ici, 20% là. Comment pouvez-vous faire pour fonctionner comme ça ?», s’est interrogé le Pr Bouguikouma.

Entre autres manquements, l’insuffisance des infrastructures, le déficit de moyens roulants, et la massification des étudiants en manque de stage. «(…) Actuellement, il y a une accumulation des étudiants entre la 6eme et la 7eme année qui n’ont pas d’hôpitaux pour effectuer des stages. Sur 500 environ, seuls 172 ont été acceptés dans les hôpitaux. Or dans ces classes, 40% des enseignements se font en milieu hospitalier. Que faire de ces étudiants en manque de stage ? Voilà les vrais problèmes auxquels nous sommes confrontés », a martelé le recteur de l’USS, au cours de cette émission consacrée aux universités du Gabon.

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